Depuis que nous nous connaissons Lynne et moi, la voile a toujours été en filigrane dans notre vie. En quelques années, nous sommes passés d'un voilier à l'autre pour satisfaire nos envies d’évasion. Depuis notre premier séjour ensemble en bateau en juillet 2010 en Méditerranée, l'envie de voyager autrement a été souvent présente dans nos conversations et notre quotidien. Lors de notre mariage à Cap-Pelé au Canada, nous avons eu droit à plusieurs clins d’oeil autour de la mer et de la voile. Le cadre était magnifique sur les rochers face à l’océan, des surprises avaient été disposées dans un petit bateau en bois avec une voile décorée avec nos prénoms et nos drapeaux. Comme par magie, au moment de l’échange des alliances, un voilier naviguait en arrière plan. Etait-ce un signe de plus?
Un dériveur de voile légère « Tasar » comme premier achat
A cette époque, nous vivions à Gatineau au Québec, à deux pas de la rivière des Outaouais. Si l’hiver le plan d’eau était gelé, dès l’arrivée du printemps, la petite marina d’Aylmer commençait à s’animer et les passionnés de voile remontraient le bout de leur nez. Lorsque les collègues de Lynne nous ont demandé ce que nous souhaitions comme cadeau de mariage, nous nous sommes dit: « Et pourquoi pas une contribution pour un bateau? ». Et c’est comme ça que nous avons fait notre premier investissement! Un Tasar, dériveur double fabriqué en Australie, similaire au 470. C’était le format parfait pour aller s’amuser sur la rivière. Dès que le temps le permettait, chaque week-end ou le soir après le boulot, nous allions nous évader, nous rafraîchir l’esprit et faire des ronds dans l’eau dans cette rivière quand même large de 2 à 3 kms. Cela ne nous a pas empêché de prendre quelques coups de vent violents et de réaliser quelques figures de style dans des empennages. Heureusement que nous avions de bons équipements et qu’au coeur de l’été, l’eau était chaude! De vrais marins d’eau douce aussi, surtout lors d’une sortie où en plein milieu de la rivière, nous nous sommes retrouvés stoppés net par un rocher affleurant, la dérive complètement bloquée. De retour au port, nous aurions cru que la dérive avait était croquée par un requin… Une grosse entaille en demi-cercle sur le bord d’attaque. Mais il nous en fallait plus pour renoncer.

La transition vers un voilier habitable
Notre retour en France nous a obligé à vendre notre Tasar. Et c’est naturellement que nous avons retrouvé la Mer Méditerranée dans les périodes estivales. D’un voilier à l’autre… Nous avons changé de catégorie en passant du Tasar au Feeling 326 familial. La Méditerranée en matière de navigation, c’est quand même le top après les Antilles. Même en restant proche de son port d’attache, il y a toujours un endroit magique. Pour nous c’est Collioure, Port-Vendres, Cadaquès et Portlligat en Espagne où Dali avait posé ses valises. Nous sommes attachés à cette région car c’est aussi là que nous voyons grandir nos enfants chaque été, retrouver le goût de la nature, jouer avec leurs copains et s’épanouir en toute insouciance. Sauf qu’en grandissant, malgré les dix mètres du Feeling familial, l’espace devient vite réduit à six sur le bateau dont un double-mètre, une fille d’1m80, une deuxième qui en prend tout droit le chemin et deux petits derniers qui ne demandent qu’à courir et sauter dans tous les sens! A tel point que ces dernières années, même en aimant beaucoup ce voilier, le refrain de l’été était devenu: « Il nous faut un plus grand bateau » à chaque fois que je me tapais les genoux contre la table du cockpit ne manquant jamais de renverser un truc par terre, ou encore quand il s’agissait d’organiser les couchages.

Voir toujours plus grand...
Du coup, quand nous nous sommes mis à commencer à chercher sérieusement pour notre voilier avec nos envies d’évasion, l’un des premiers critères a été la hauteur sous-barrot. Ou dit autrement, est-ce que je vais pouvoir rester debout sans me casser le dos à chaque fois que je dois faire quelque chose?! Alors par la force des choses, la taille du bateau idéal s’est mise à grandir: « Et chérie, j’ai vu un 47 pieds qui à l’air pas mal… »; « Oh chérie j’en ai un autre super bien équipé, il a l’air bien aussi, c’est un 50 pieds… ». Ok, j’avoue, j’ai poussé le vice jusqu’à aller regarder des 62 pieds (19m). Je ne trahirai pas de secret en écrivant que ce jour là, Lynne m’a regardé avec un air dépité en menaçant de ne plus m’adresser la parole si je continuais ainsi. De toute façon, nous n’avions ni le porte-monnaie qui allait avec, tant pour l’achat que pour l’entretien. Pourtant nous devions trouver un compromis entre plusieurs critères: la taille, le prix, les équipements, les aménagements du bord. Et un jour de mars 2019, ce compromis est apparu dans une annonce sur un site spécialisé: voilier Dynamique 52, 1989, entièrement révisé en 2018, équipement complet équipé Tour du Monde.
Le bateau idéal pour nos envies d’évasion
Nous venions de trouver notre voilier idéal pour partir en voyage. A priori, il remplissait 90% de notre cahier des charges. Le prix, essentiel évidemment. L’espace intérieur avec 4 cabines, un carré convivial et fonctionnel, un espace vie et un espace nuit. La qualité de la construction et les qualités marines ne sont plus à démontrer pour ce chantier créé par la fille du célèbre constructeur Jeanneau puis racheté ensuite par Dufour. Toutes les critiques que nous avons pu lire ou entendre sont très positives au sujet du Dynamique. L’équipement en énergie avec deux panneaux solaires de 335W chacun et un groupe électrogène, auquel nous pouvons rajouter le dessalinisateur pour l’eau douce. Côté voiles et accastillage, du matériel robuste de qualité, deux enrouleurs pour les voiles d’avant, un spi symétrique avec chaussette. Question sécurité, des gilets auto-gonflants tout neufs, des systèmes d’alerte d’homme à la mer, radeau de survie hauturier. Et enfin pour la communication et la navigation, un radar, un système AIS, deux VHF, un ICom, un Iridium permettant de communiquer par satellite, de recevoir des emails, d’échanger des photos et surtout, de prendre la météo de n’importe où.

L’envie de prendre la mer
Au bout du compte, presque le seul critère qui ne rentrait pas dans notre cahier des charges était qu’il n’y avait qu’une seule barre à roue. Notre premier choix était d’avoir deux postes de barre pour avoir un accès facilité à la plateforme de bain. Mais finalement après réflexion, nous nous sommes dit qu’une seule barre à roue n’était pas moins pratique et surtout, que c’était plus sécuritaire notamment en pleine mer avec des vagues qui arrivent de l’arrière.
Nous sommes vraiment très contents de notre choix de voilier. Alors que nous découvrons progressivement ses entrailles, il nous tarde maintenant de récupérer nos voiles, récupérer notre hélice, remettre le bateau à l’eau et pouvoir avoir l’occasion de le prendre en main en navigation une fois que la situation sanitaire nous le permettra.