Dans ces temps difficiles de confinement pour tout le monde, nous pensons à toutes celles et tous ceux qui sont touché-e-s par le Covid-19 en leur souhaitant un bon rétablissement. La situation que nous vivons est exceptionnelle au vu du nombre de pays touchés (il y en avait 166 ce jeudi), de la vitesse de croissance de la pandémie dans chaque pays, de l’impact qu’elle a sur nos vies quotidiennes, des mesures drastiques de confinement qu’elle engendre pour parvenir à vaincre la maladie. Bien sûr il y aura toujours une poignée de réfractaires pour penser que ces mesures sont encore un complot ou une volonté de nuire à leur liberté. Mais la grande majorité des personnes les respectent et malgré le fait qu’il va devenir de plus en plus frustrant de ne pas sortir de chez soi, de ne pas avoir d’interactions sociales physiques, nous pensons que ce confinement imposé est une opportunité à plusieurs égards.
Une opportunité pour l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique
La planète trouve toujours des moyens de se rééquilibrer. Cette pause dans l’économie mondiale a des effets remarquables et positifs sur le niveau de pollution, le rejet de gaz à effet de serre et notre impact carbone. Comme quoi les scientifiques ont raison d’insister sur la possibilité de ralentir la vitesse du réchauffement climatique. Mais pour cela il faut des mesures drastiques. Les images satellites de la NASA mettent bien en évidence la disparition du nuage de pollution au-dessus de la Chine après quelques semaines de confinement. Idem pour les eaux de Venise redevenues limpides en l’espace de quelques jours. Ces exemples démontrent aussi à quel point des décisions fortes, courageuses et coordonnées de la part des leaders politiques du monde entier pourraient radicalement impacter positivement le climat. Et en ce qui nous concerne, l’urgence climatique est aussi importante que l’urgence de lutter contre le Covid-19. Le réchauffement montre déjà ses effets destructeurs dans les pays les plus vulnérables. En voyageant beaucoup en Afrique, je ne peux que constater les conséquences désastreuses pour les populations: sécheresses intenses, phénomènes climatiques intenses provoquant des déplacements de populations... Les gens sont déboussolés. Si seulement la prochaine étape après la crise du coronavirus et ce confinement imposé pouvait être le climat... Il en va de l’avenir de nos enfants.
Plus de solidarité et d’humain, de tolérance et de respect
Lors de chaque événement exceptionnel, nous constatons un élan de solidarité et de sympathie. Bien qu’il soit difficile de les comparer, certains me viennent en tête. La victoire de l’équipe de France de football en Coupe du Monde en 1998 avait généré ne serait-ce que temporairement, une forme d’unité nationale, gommant le temps de quelques semaines les différences et mettant sur un pied d’égalité toutes les origines sociales et raciales. L'effondrement des tours jumelles à New-York avait ému le monde entier. Je n’ai d’ailleurs jamais oublié où j’étais et ce que je faisais le jour où c’est arrivé. Les hommages rendus aux pompiers, aux secours, aux policiers resteront des moments forts. Plus proche de nous, la série d’attentats en France qui a également soulevé une vague d’émotion malgré les récupérations politiques... Aujourd’hui dans cette crise sanitaire, ce sont les hommages et les applaudissements qui sont rendus tous les soirs en France pour celles et ceux qui luttent au quotidien contre le virus. En Italie ce sont les gens qui ouvrent leurs fenêtres et qui chantent l’hymne national malgré le confinement qui s’éternise et le nombre de décès qui augmente. Et sur un autre registre, j’apprécie vraiment les initiatives de ces stars de la musique qui proposent des concerts depuis chez eux.
Mais ce que nous ressentons aussi, c’est le besoin de se rapprocher de plus en plus des gens, d’être dans l’interaction sociale. Nous appelons notre famille, nos amis plus souvent, nous recherchons le contact face à l’isolement physique. Recréer le lien est essentiel. C’est aussi ça la solidarité, prendre des nouvelles de ses proches, des gens que l’on aime, des ami-e-s, développer des réseaux d’entraides. Autant de gestes que nous ne prenons certainement plus le temps de faire au quotidien, absorbés par nos rythmes de vie effrénés et un certain égoïsme...
Passer plus de temps en famille, prendre du temps pour soi
Se retrouver en famille est vraiment ressourçant. Bien sûr nous nous considérons privilégiés. Notre couple va bien, nous sommes en bonne santé. Certes les enfants prennent beaucoup d’énergie, mais certaines situations doivent être bien différentes avec des familles sous tension, des couples en instance de divorce obligés d’être confinés chez eux. Mais est-ce que ce confinement n’est finalement pas pour nous tous la possibilité de mieux communiquer, de savourer chaque instant à des moments où nous sommes tous vulnérables ? Quel bonheur de voir ses enfants grandir chaque jour, prendre de nouvelles responsabilités, se prendre dans les bras, s’épanouir tout en respectant un cadre et peut être un peu mieux leur rythme biologique.
Mais ce temps mort imposé, c’est aussi la possibilité de prendre plus de temps pour soi, pour se replonger dans des lectures, ne plus avoir de scrupules pour donner plus de priorités à nos passions et à ce que nous aimons faire.
Repenser nos façons de travailler
J’ai toujours eu une façon un peu atypique de travailler. Je me suis toujours senti plus productif dans des environnements originaux. Je me sens privilégié de pouvoir travailler avec un ordinateur, un téléphone et une connexion Internet. Et surtout, j’ai toujours mis de côté les apparences pour privilégier la qualité des relations humaines, la compétence et les valeurs plutôt que le « m’as-tu vu » si superficiel et arrogant. Ces derniers jours, nous avons certainement tous multiplié les visioconférences pour tenir nos réunions et j’apprécie vraiment cela. Ça donne un côté moins formel, plus détendu. Et ça nous permet de lier vie professionnelle et vie personnelle sans pour autant perdre en qualité de travail. Bien sûr tous les métiers n’ont pas cette possibilité et nous ne sommes pas non plus égaux face à l’accès aux nouvelles technologies. Mais notre point de vue consiste surtout à penser que la course à la productivité, le dogme de la croissance économique à tout prix ont probablement atteint leurs limites, tout comme nos modes de consommation et de vie en général. Je reste convaincu que l’être humain n’est pas fait pour travailler autant que ce que le système nous pousse à faire. Nous devons faire preuve de plus de discernement et de recul. Pourquoi ne pas s’inspirer des orientations prises par la Norvège qui veut revenir à la semaine de 4 jours travaillés?
Ce confinement nous amène à nous réinventer, à favoriser le télétravail, à bâtir aussi nos relations professionnelles sur la confiance et la responsabilisation. Peut-être que nous pouvons envisager de travailler moins, mais de façon plus responsable et efficace. Peut-être que nos façons de travailler devraient nous amener à mieux préserver notre équilibre de vie.
Prendre du recul sur nos modes de vie actuels
Cette semaine en travaillant sur un dossier, j’ai découvert le concept de fossé émotionnel. Ce fossé constitue l’écart entre sa situation idéale ou rêvée et sa situation réelle. Ce fossé peut conduire à un mal-être, des éternelles frustrations, des burn-out, dépressions. Nous sommes certains que beaucoup d’entre nous sommes sujets à ce fossé émotionnel et s’interrogent sur leurs aspirations les plus légitimes et comment les atteindre. De part nos expériences personnelles et professionnelles, Lynne et moi sommes toujours parvenus à conserver un équilibre, non sans difficultés et obstacles, mais nous avons cette satisfaction. La préparation de notre voyage en est une nouvelle fois une preuve. Nous nous sommes donné les moyens et avons créé les conditions favorables à ce projet.
Lynne s’est beaucoup penchée sur sa mission de vie qui consiste avant tout à aider les autres. Elle a une empathie naturelle, sait être à l’écoute et respecter chaque situation et choix. Dans la transition professionnelle qu’elle traverse et en capitalisant sur ses compétences en psychologie et en coaching, elle est en train de préparer une nouvelle activité pour accompagner celles et ceux qui souhaitent prendre du recul sur leur quotidien, suivre leurs aspirations et continuer à s’épanouir en franchissant le pas vers de nouveaux horizons. Il y a toujours de bonnes raisons pour ne pas faire les choses, toujours de bonnes raisons pour remettre à plus tard ce à quoi pourtant nous aspirons. Or, il n’y a rien de pire que les regrets. Notre voyage sera bien sûr une source d’inspiration et une illustration de ce qu’il est possible de faire.
Nous plonger dans notre aventure
Enfin pour nous, ce confinement c’est aussi la possibilité de nous immerger dans ce que sera notre vie lorsque nous serons partis pour notre voyage autour du monde. Nous retrouver confinés dans un espace réduit va nous permettre de voir si nous réussissons à vivre 24h/24h les uns sur les autres sans possibilité de s’échapper. Deux semaines de confinement, c’est finalement la durée nécessaire pour traverser l’Atlantique. Entre 3 semaines et 1 mois, c’est le Pacifique. C’est donc un excellent test. Il est évident que si ça ne passe pas en étant au port, il nous paraît compliqué que ça marche une fois en mer. Bon, nous vous rassurons, jusqu’ici tout va bien, voire très bien même. Les enfants se responsabilisent, ils ont parfaitement pris leurs marques. Les journées restent toujours bien occupées et nous n’avons pas le temps de nous ennuyer !
Vous l’aurez compris, pour nous ce confinement et cette situation sanitaire exceptionnelle ne font que renforcer le sens que nous voulons donner à notre voyager: vivre autrement, éduquer autrement, travailler autrement, voyager autrement…