Voyager au long cours

Le voyage fait partie de nos vies depuis que nous sommes adolescents. À 18 ans grâce au sport, Laurent avait parcouru quasiment la totalité de l’Europe. Depuis il a voyagé dans plus d’une soixantaine de pays à travers le monde. Quand à moi, je suis sortie de ma zone de confort en allant passer une année en Tanzanie pour travailler dans les camps de réfugiés.

Une quête d'authenticité

L’une des questions les plus difficiles à laquelle nous avons eu à répondre est « où aimeriez-vous vous installer ? » Nous n’avons pas vraiment de réponse à ça tellement les environnements dans lesquels nous avons vécu sont différents. Certains pays avaient tout le confort nécessaire, d’autres rien, ni électricité ni eau courante. Et pourtant, ce ne sont pas les lieux les plus surfaits et dans la démesure qui nous ont le plus séduits. Avec le recul, ce sont les rencontres humaines et notre connexion avec les gens qui ont fait que l’on s’est sentis chez nous ou au contraire, pas du tout. 

Ce qui nous anime aujourd’hui le plus pour partir autour du monde en voilier, c’est bel et bien cette quête d’authenticité, de prendre du temps, loin de nos modèles qui poussent à toujours plus de consommation, d’extravagance, où l’apparence compte souvent plus que tout le reste et qui a tendance à rendre arrogants et irrespectueux. Avec le temps, nous sommes devenus allergiques à ce tourisme de masse, aux hordes d’avions, à ces paquebots ou ces bus chargés de touristes qui ne prennent même pas le temps d’aller au contact des populations locales et de s’imprégner des différentes cultures. Sans parler bien sûr de l’impact néfaste que ces modes de voyage provoquent sur l’environnement. Laurent et moi aurions quelques anecdotes à vous raconter à ce sujet...

Le voyage comme source d'éducation

Mais l’envie de voyager autrement n’est pas notre seule motivation. Nous voulons ouvrir l’esprit de nos enfants, leur apporter une autre source d’éducation, les aider à développer leur curiosité, à devenir plus tolérants, à les enrichir culturellement. Leur participation au voyage doit être totale. C’est la raison pour laquelle nous sommes en train de préparer des projets avec les écoles, où notre voyage sera aussi vu et documenté au travers des yeux de Mathieu et Océane. 

Pour Mathieu, c’est une opportunité inespérée. Depuis qu’il est tout petit, nous nous sommes posé des questions sur sa capacité à s’adapter et à s’intégrer dans un système scolaire classique. Au fur et à mesure de sa scolarité (il est actuellement en CE1 / 2ème année) nous nous rendons compte que les apprentissages sont difficiles et qu’il a du mal à s’intégrer, malgré l’environnement créé par les équipes pédagogiques. Nous sommes conscients que plus il va avancer dans son parcours, plus l’écart va se creuser entre les élèves « normaux ». Nous voulons lui donner une réelle chance d’apprendre autrement et de s’épanouir au travers d’un cursus atypique. Le moment est presque idéalement choisi pour lui et nous voyons combien son comportement et ses attitudes sont différentes positivement lorsqu’il se retrouve au milieu de la nature.

Oser la liberté!

Pour toutes ces raisons, notre voyage au long cours prend tout son sens. Il y a toujours de bonnes raisons de ne pas se lancer, il n’y a jamais de moment idéal. Nous avons fait le choix de n’écouter que nous-mêmes, de suivre nos convictions, nos envies et nos passions. Après tout, on ne sait jamais de quoi demain est fait...

Le grand saut vers l’aventure

Un nouveau cap

Ça y est, le cap est franchi, nous venons d’apposer nos initiales et nos signatures pour entériner probablement l’achat le plus fou de toute notre vie: un voilier de 52 pieds (16m). Ce moment où l’on marque un temps d’hésitation, où l’on se regarde et que l’on se demande ce que l’on est en train de faire et où soudain, le doute vous envahi malgré l’excitation ambiante... Avons-nous pris la bonne décision? Dans quel pétrin va t-on encore se fourrer... Comme si jusqu’à présent, tout avait été simple, comme si la vie ne nous avait déjà pas suffisamment mis à l’épreuve... Nous étions pourtant bien confortables dans notre petit quartier de la métropole bordelaise. Un cadre de vie idéal, de bonnes situations professionnelles, l’école à deux pas pour les enfants, un réseau d’amis bien fourni et une vie sociale épanouie. Mais rapidement notre goût pour l’aventure, nos convictions, notre désir de continuer à découvrir le monde et à offrir à nos enfants une expérience hors du commun reprennent le dessus. C’est aussi ça qui nous fait vibrer et qui depuis 10 ans, nous réuni Lynne et moi! Alors hors de question de faire demi-tour. Voilà 5 ans que nous rêvons, cogitons, mûrissons le projet dans notre tête, à tel point qu’une mappemonde, des tas de post-it et des feuilles de notes ont remplacé les photos de famille sur le mur de notre chambre. Cinq ans aussi de discussions et d’échanges entre nous, parfois agités lorsque la passion et l’émotion prennent le dessus et que nos natures entêtées ressurgissent au galop. Mais au fond, nous savons que nous aspirons à la même chose et qu’au-delà de nos façons différentes d’aborder les enjeux, nos complémentarités sont un atout pour éviter les pièges de la vie et franchir les obstacles.

Alors nous y voici, propriétaires de ce voilier hauturier, avec l’objectif de partir pour un tour du monde à l’automne 2020. 

Le sport et les voyages, l'école de la vie

Je voyage depuis l’âge de 16 ans. J’ai pour habitude de dire que le sport et les voyages ont toujours été ma meilleure école. À 18 ans, j’avais déjà posé un pied dans tous les pays d’Europe. Plus tard, mes missions professionnelles m’ont amené sur tous les continents et dans plus de 60 pays dont certains en situation de conflit ou de post-conflit. À chaque fois, le sport a été un moyen de connecter avec les gens mais aussi de faire des rencontres hors du commun, de côtoyer de grandes personnalités. Parmi celles qui m’ont le plus marquées, José Ramos Horta, Prix Nobel de la Paix et ancien Chef de l’Etat du Timor-Leste, suscite toujours autant d’admiration chez moi. J’aurai certainement l’occasion de revenir sur certaines de mes rencontres et sur des anecdotes au cours de prochains posts. 

Lynne quand à elle s’est expatriée un an dans les camps de réfugiés en Tanzanie lorsqu’elle avait 24 ans, a voyagé au Népal, en Afrique du Sud dans le cadre de mission de développement social, a grimpé le Kilimanjaro, et n’a cessé de repousser ses limites. Et c’est finalement le sport qui nous a réunis par hasard en Jordanie, une belle journée de juin 2010. Le déclic a été quasi immédiat, partageant des valeurs, des passions et des convictions communes. Après avoir passé 3 ans ensemble au Canada, c’est donc sans hésiter et en citoyenne du monde qu’elle m’a suivi en France pour nous rapprocher de mes deux plus grandes filles.

Cette envie de tour du monde à la voile n’est donc pas une fuite. C’est une réelle volonté de découvrir le monde autrement, de continuer à s’ouvrir aux autres, de passer plus de temps en famille et d’inculquer à nos enfants que dans une époque qui incite au repli sur soi, qui nourrit l’intolérance et la peur de l’autre, les différences sont avant tout une richesse et une chance. C’est aussi changer un mode de vie orienté vers l’hyper-consommation pour vivre plus simplement, plus soucieux des enjeux environnementaux, de la protection de la planète, d’inscrire le développement durable au cœur de notre projet tout en faisant découvrir la beauté de la Terre et la richesse de ses peuples.

Nous n’abandonnons pas pour autant nos projets professionnels. Pour ma part, je continuerai à diriger et à développer mon entreprise spécialisée dans le conseil en stratégie et les politiques sportives. Bien sûr, cela va nécessiter des ajustements, mais je ne vais pas renoncer à 15 années d’apprentissage et d’efforts, alors même que mon expertise et mes convictions commencent à être reconnues et appréciées, et que le retour sur investissement commence à se faire sentir. Après avoir été athlète, je me sens extrêmement privilégié de pouvoir évoluer dans le monde olympique, d’accompagner des fédérations sportives, des comités olympiques, des collectivités et gouvernements mais aussi des entreprises dans leurs stratégies d’évolution et de performance. Le sport est un outil puissant et universel pour transformer nos sociétés. J’ai la conviction que notre voyage ne sera qu’un levier de plus pour continuer à valoriser les compétences et savoirs-faire de mon entreprise auprès des organisations sportives et des institutions. 

Après avoir évolué quelques années dans l’univers du développement économique en France, Lynne retourne à sa mission de vie en pilotant ce projet, celle d'inspirer et accompagner les gens au changement et faire une différence positive dans le monde.   

Le tout devra être compatible avec une vie sur un voilier, l’éducation des enfants et la découverte de nouveaux territoires.

Un voyage pour inspirer et partager

Au fil de nos navigations, nous vous ferons découvrir comment il est possible de voyager, vivre, travailler et éduquer autrement. 

Pour l’heure, nous avons encore du travail et quelques mois devant nous avant de larguer les amarres, pour préparer le bateau, nous faire la main dessus et surtout, définir plus précisément notre itinéraire.

À suivre...