Réussir son changement de vie: S’inspirer plutôt que se comparer

Lorsque j’ai évoqué pour la première fois l’option de vivre sur un bateau il y a bientôt 8 ans, les premières réactions de Lynne étaient plutôt réservées. « On a le temps », « on a pas assez d’argent », « C’est un projet de retraite », « Comment va t’on faire professionnellement »… La grande majorité des arguments avancés étaient tous orientés pour ne pas le faire et se lancer. Et en commençant à regarder ou observer celles et ceux qui avaient franchi le pas, là aussi il y avait toujours un argument pour dire que leurs conditions étaient bien meilleures que les nôtres pour se lancer.

Croire en ses capacités

Or la capacité à changer de vie n’est pas forcément liée uniquement aux conditions matérielles, financières ou à de la chance. Il n’y a jamais de meilleur moment pour entreprendre un changement. C’est plutôt une question de volonté et d’être en mesure de se créer les conditions pour pouvoir l’accomplir. Le jour où nous avons décidé de franchir le pas, ce qui nous a le plus aidé a été de nous inspirer de ceux qui avaient réussi plutôt que de nous comparer à eux.

Bâtir sur ce que l'on maîtrise

En effet, il ne faut pas tomber dans le piège de regarder tout ce que les autres ont ou font. Nous ne connaissons jamais assez leur histoire, on ne voit souvent que la partie émergée de l’iceberg mais jamais les efforts et les sacrifices que ce changement a demandé. Alors au lieu d’avancer sur son projet, on nourrit des frustrations, de la jalousie et il est facile de se retrouver bloqué ou découragé. Le plus important réside avant tout dans le fait de construire un projet de changement à sa mesure, avec ses moyens du moment, et de bâtir sur des éléments que nous pouvons maîtriser. Tout le reste n’est que superflu et contribue à nous faire douter ou à nous frustrer.

Ne pas dévier de ses valeurs et convictions!

Avant tout, entreprendre un changement de vie doit nous permettre de nous épanouir, de nous rapprocher de nos valeurs et de nos convictions. Le sens que l’on donne à notre projet est la clé pour pouvoir réussir et être en mesure de passer par-dessus les difficultés et les défis qui vont surgir devant nous. Et au fur et à mesure que l’on avance, il est essentiel de nourrir et de valoriser le positif en regardant le chemin que l’on a parcouru plutôt que toutes les choses que nous n’avons pas encore accomplies.

Rester positif!

C’est un peu l’art de la pensée positive tout en s’entourant et s’inspirant de personnes qui nous apportent l’énergie positive et qui nous donne chaque jour un peu plus l’envie d’avancer et de nous découvrir!

Changer de vie: l’importance d’une date pour lancer son projet

L'importance d'une date

Au plus profond de chacun d’entre nous, il y a certainement l’envie ou le rêve de sortir un peu de notre quotidien, de partir à l’aventure, de changer de vie, de réaliser des choses qui nous paraissent au premier abord inaccessibles ou irréalisables.

Fini les excuses!

Bien souvent, on se trouve des excuses toutes faites pour ne pas franchir le pas et aller là où notre coeur nous pousse à aller. On se dit que l’on a le temps, que les conditions ne sont pas encore réunies, on se laisse dominer par le quotidien, le boulot, la routine… et finalement, le temps passe, on se met nos propres freins et malgré notre aspiration à découvrir autre chose, nous sommes incapables d’avancer vers ce qui pourrait être un nouvel idéal pour nous. 

Quelle date idéale ?

Lorsque l’on a un projet en tête, le plus difficile est de parvenir à franchir le pas et à se mettre réellement en action, en mouvement. Nous n’avons pas échappé à tous ces défis, réflexions et questionnements avant de nous lancer dans notre aventure en famille. Et ce qui nous a aidé, ça a été de poser une date sur le calendrier pour lancer notre projet. Après de multiples réflexions et au retour de deux semaines de navigation sur la Costa Brava à l’été 2018, Lynne qui était probablement la moins convaincue de nous deux de nous lancer dans un voyage autour du monde à la voile, a posé la question « comment fait-on pour réaliser notre projet et quand est-ce que l’on part? ». Et c’est à partir de cet instant que nous avons posé la date de juillet 2020 sur notre calendrier comme date de départ. Nous avions deux ans devant nous pour créer les conditions de la faisabilité de notre projet et de cette nouvelle vie. 

Travailler son plan d'actions...

Et c’est incroyable de constater à quel point une date nous a permis d’accélérer la cadence et de nous projeter réellement dans la planification et les étapes de préparation du projet. Impressionnant aussi à quel point cette deadline a été facteur de motivation, d’énergie positive pour avancer et surmonter tout un tas d’obstacles. Et enfin, surprenant de constater que pour nous, l’aventure avait déjà commencée, en occupant notre esprit au quotidien, en nous projetant sur ce à quoi allait ressembler notre nouvelle vie sur l’eau. Cette date n’a pas fait que nourrir notre rêve, elle a été le déclencheur d’un plan d’actions concret qui a permis de lancer la machine pour nous rapprocher chaque jour un peu plus d’un rêve qui paraissait au premier abord inaccessible. 

Et vous, quelle sera votre date?...

Alors si vous aussi vous avez un projet en tête, vous aspirez à quelque chose de nouveau, à un changement, commencez par poser une date sur votre calendrier, vous constaterez le pouvoir généré par cette démarche toute simple, et à quel point cela apporte une énergie positive et une motivation à toute épreuve.

Changer de vie et déménager sur un voilier…

Un rêve qui devient réalité

Depuis plusieurs années, je mijote l‘idée de changer de vie, de quitter mon travail et créer un travail qui me permettrait de voyager en famille, faire découvrir le monde à nos enfants, les éduquer au travers de la richesse du monde, de vivre plus près de la nature et de la respecter davantage. Bref, de se créer une vie au plus proche de nos valeurs. C’était une envie un peu folle, ambitieuse et très certainement idéaliste, je l’admets.

Je savais bien que cette idée de déménager sur un voilier serait aussi remplie de doutes, de peurs, d’embûches et je n’étais même pas convaincue que cette vie serait pour moi et comment j’allais m’y adapter. Moi qui avait vécu sous un certain schéma depuis plus de 20 ans, salariée, sécurité, routine... ayant toujours vécu dans une maison, comment allais-je m’adapter à la vie sur un bateau? Comment vivre pleinement cette aventure avec les enfants tout en « travaillant autrement »? Est-ce que j’aurai la patience, la motivation et la bonne humeur pour être avec les enfants tout le temps? C’est drôle comment notre cerveau joue des tours avec nous. Il nous donne l’envie de rêver et par la même occasion nous envahit avec tous ces sentiments contradictoires de doutes, de craintes et de peurs.

Et bien le déblocage pour nous, pour moi, fut un certain jour du mois d’août, après avoir passé deux semaines sur le voilier de mon beau-père. J’ai regardé Laurent dans les yeux et lui ai dit, alors comment on ferait VRAIMENT pour partir en voilier en famille? Et voilà le début de notre premier échange sur le COMMENT. Cette idée folle s’est transformée en projet avec une date de départ fixée, des tâches à accomplir, des échéanciers à respecter. Et bien sûr de nombreux échanges animés car les doutes, les craintes et les peurs reviennent et galop et oh combien souvent!!!

Le grand jour est arrivé!

Et bien, le grand jour est arrivé, le jour où nous avons officiellement pris le pari de changer de vie, de quitter la maison pour franchir une grande étape, celle de déménager et de vivre sur notre bateau. Le départ « officiel » de notre grande aventure est repoussé à cause de la situation sanitaire encore incertaine dans le monde, mais ça ne change en rien notre détermination pour la suite. Notre envie de vivre, d’éduquer, de voyager et de travailler autrement nous anime au plus profond de nous-même et elle vient de franchir un nouveau cap.

Voilà déjà un mois que nous avons déménagé notre maison sur le bateau. Il faut dire que ces dix jours consacrés au déménagement n’ont pas été de tout repos et que cette période a été chargée d’émotions. Au lendemain du déconfinement, Laurent avait prévu de rentrer tout seul à Bordeaux pour vider la maison, paqueter l’essentiel pour le bateau, faire l’état des lieux le 20 mai avant de revenir à Canet avec une petite camionnette. Mais dès le début, le destin en a décidé autrement et c’est finalement en voiture que nous sommes remontés tous les 4, munis d’une multitude d’attestations dérogatoires de déplacement au-delà de 100km de notre domicile. Une semaine, c’est exactement le temps que nous avons eu pour vendre tous nos meubles, faire le tri des affaires indispensables, des papiers personnels et professionnels, nettoyer toute la maison pour la laisser impeccable car nous n’avions pas l’intention de nous asseoir sur notre caution…! Lisa et Emma nous ont rejoint et ça n’a pas été du luxe. Toute la famille s’est mise au travail avec de très longues journées entrecoupées de visites d’amis que nous avons eu le plus grand plaisir de voir, même si nous n’avons pas pu leur accorder tout le temps que nous aurions souhaité.

Réduire ses affaires à l'essentiel

Changer de vie et déménager sur un voilier, c’est accepté de relever le défi de se séparer de tout le superflu. Passer d’une maison de 145m2 à un bateau de 16m impose forcément un tri sans concession des affaires qui sont indispensables de celles qui ne le sont pas. C’est fou à quel point même en faisant attention, nous accumulons tout un tas de petites choses qui s’entassent et dont on se souvient justement quand on doit déménager. Pas question pour autant de tout jeter à la poubelle et même si ça nous a pris du temps et de l’organisation, nous avons fait en sorte que nos affaires non indispensables aient toutes une deuxième vie! La quasi totalité de nos meubles ont été vendus, des vêtements inutiles pour nous ont été donnés. Pendant 2 jours, notre trottoir s’est transformé en brocante au plus grand bonheur des passants. Mathieu et Océane ont fait beaucoup d’efforts pour parvenir à se séparer de certains de leurs jeux et jouets. Mais au final, ils étaient fiers d’avoir pu faire plaisir à d’autres enfants plus démunis ou à des copains et copines qui étaient contents de pouvoir garder un souvenir d’eux.

S'éloigner des personnes que l'on aime

L’autre côté difficile quand on change de vie, c’est de quitter une ville, un quartier, des amis que nous apprécions énormément. Après quatre années à Bègles, nous avions pris nos marques et nous y sentions très bien. Tout était proche, il y avait un bel atmosphère et une proximité avec les gens qui vont nous manquer. C’est lorsque nous partons que nous réalisons encore plus à quel point nous étions bien. Nos amis du volley, de l’école, la famille… Nous avons eu beaucoup de tristesse à les laisser derrière nous. Mais nous savons aussi que nous allons rester en contact, que nous allons nous donner des nouvelles régulièrement et que nous espérons pouvoir les revoir et les accueillir sur notre voilier pour leur faire partager un petit bout de notre nouvelle vie. Nous avons été très touchés par les témoignages d’affection et l’aide que nous avons reçue pendant cette période de transition. Alors nous en profitons pour vous remercier toutes et tous:

  • Aurélie et Kamal
  • Krystel et Olivier
  • Gaëlle et Mathieu
  • Carine et Thierry
  • Karina et Benoit
  • Caroline et Benoit
  • Florence et Cédric
  • Karine notre voisine
  • Sylvie Boutin
  • Marie-Claire
  • Marion
  • Nelly et Guillaume
  • Karine et Romain
  • Pauline et Romain

Et sans oublier bien sûr Mamie Annette, Ghislaine et Marianne de la Ludothèque de Gradignan, toute l’équipe pédagogique de l’école Ferdinand Buisson (Elorry Soubelet, Eric Bacqué, Vanessa Couesnon, Catherine, Nathalie Berton-Jacques, Malika Khelifi).

Avancer et se lancer à fond dans l'aventure

Malgré tout nous n’avons aucun regrets. Les enfants s’épanouissent, nous nous créons de nouveaux amis de ponton, nous commençons à naviguer et nous ajustons notre rythme pour être en mesure de travailler, voyager et éduquer les enfants.  Nous savons qu’il y aura des moments de doutes, des moments d’euphorie, des moments de ras-le-bol, mais n’est-ce pas ça la vie, que ce soit sur un bateau ou sur terre?…

Un autre rapport au temps

L'art des travaux invisibles

Nous venons de terminer deux semaines sur le bateau avec les enfants pour commencer à passer au travers de la check-list des préparatifs. La deuxième semaine n’a pas été très différente de la première. L’art de faire du travail invisible prédomine sur le reste ! Nous sommes toujours à la recherche d’éventuelles fuites, nous avons démonté quelques planchers, changé des feux qui ne fonctionnaient plus, fait l’inventaire de tous les outils, pièces de rechange, visserie, plomberie, électricité qui traînaient certainement depuis plusieurs années au fond d’un coffre à en croire la quantité de rouille accumulée. Nous avons lutté pour ouvrir la porte du lave-linge que nous n’avons pas réussi à mettre en marche. Ce n’est pas faute d’avoir une fois de plus joué aux contorsionnistes, ou de m'être retrouvé en position foetale au fond d’un coffre armé d’une lampe torche pour essayer de trouver la solution… Décidément notre bricolage n’est pas glorieux pour le moment, et malgré un premier repérage des circuits de tuyaux dans les fonds du bateau, nous ne pourrons pas échapper à une reprise complète de tous les réseaux dans les prochaines semaines. Du plaisir en perspective donc… Et pour couronner le tout, le dernier jour, c’est notre radiateur d’appoint qui s’est décidé à ne plus s’allumer. Cela aurait été anecdotique si dehors la tramontane ne soufflait pas à 80km/h, renforçant l’impression de froid… Bon, c’était peut-être un signe qu’il fallait que l’on rentre pour faire un break.

Profiter du voyage avant la destination

Mais ce n’est pas le sujet principal de ce post. En étant sur la route pour revenir à Bordeaux, nous réalisions à quel point nous sommes en permanence en train de nous presser. Tout va plus vite et nous voulons toujours aller plus vite sans même nous en rendre compte. Par exemple, combien d’entre nous empruntent l’autoroute pour de longs voyages? Probablement une très grande majorité. C’est devenu presque naturel, le temps de voyage est à peu près maîtrisé et c’est plutôt confortable. On ne se pose plus la question de savoir si on prend les routes nationales ou départementales. Et pourtant, nous nous privons certainement de découvrir ou re-découvrir des lieux et des paysages magnifiques, d’aller à la rencontre de gens. Au lieu de ça, on fonce, nous restons concentrés sur notre destination sans finalement profiter du voyage. Pour notre prochain déplacement, nous nous sommes mis un point d’honneur à sortir des sentiers battus pour profiter du patrimoine qui jalonne nos routes.

Savoir s'ajuster et composer

Au cours de ces deux semaines avec les enfants, nous avons dû par la force des choses revoir notre rapport au temps. La vie en bateau, même au port, c’est une logistique différente de la maison. Ce n’est pas une surprise et nous l’avons toujours eu en tête. Nous nous étions fixé de rythmer nos journées pour être capables de travailler sur nos dossiers professionnels, gérer les travaux du bateau et nous occuper des enfants pour profiter du temps avec eux. C’est un équilibre que l’on essaie de conserver même si pas forcément évident à maintenir. La logistique qu’engendre le bateau peut rapidement prendre le pas sur certaines priorités de la journée. La routine matinale en fait partie. Juste aller prendre une douche peut parfois être une longue expédition quand nous sommes au port, et occuper plus d’une heure dans la journée. Mais nous devons composer avec ça et finalement, ça nous ramène à l’essentiel.

Savourer tous les moments...

Malgré toutes les péripéties du bord, nous savourons tous les moments. Nous n’avons pas mauvaise conscience pour ne pas avoir réussi à terminer une tâche dans notre journée. Et pour vivre dans un espace restreint, conserver cet état d’esprit devrait apporter de la sérénité et éviter quelques frustrations. Vive la paix des ménages!

Comment nous nous sommes rencontrés (Part.2)

Le début d’une belle et longue histoire...

Lynne- Après ce séjour intense en Jordanie, mes pensées sont ailleurs. Une fois rentrée au Canada et de retour à mon travail quotidien, mes collègues qui me connaissent bien sentent bien que quelque chose se passe. Ils savent combien je suis passionnée par mon travail. Je ne compte généralement pas trop mes heures et je suis souvent la dernière à quitter le bureau. Et bien à mon retour tout a changé. Dès que je le peux, je m’échappe du bureau pour rapidement rentrer à la maison afin de lui parler avant qu’il ne soit trop tard à cause du décalage horaire. On passe nos soirées à parler pendant des heures via Skype jusqu’à ce que lui s’endorme aux petites heures du matin. Pendant nos échanges, je me suis vite rendu compte qu’il était un réel globe-trotteur. Nous avions une envie réciproque de se voir et à plusieurs reprises Laurent me glisse les mots « tu sais, je voyage souvent, on ne sait jamais lorsque mon travail peut m’amener jusqu’au Canada ». Nous sommes début juillet. Au Canada on a pas beaucoup de vacances et les miennes approchent. Il y a encore cette petite voix en moi qui me dit de ne pas rater cette chance. Je ne veux pas laisser le temps trop s’écouler, je dois voir si on est vraiment fait pour être ensemble. Je propose donc à Laurent: « Et si je viens te voir en France dans 2 semaines, t’en penses quoi ?»

Laurent- A mon retour en France une routine s’installe: celle de l’appel Skype de 23h30. Surtout, faire en sorte que la connexion Internet marche bien! C’est toujours avec une certaine impatience que j’attends de voir le nom de Lynne apparaître sur l’écran. Chaque soir, on refait un peu le monde et on apprend un peu plus à se connaître, ce qui n’arrange pas forcément la récupération du décalage horaire, d’autant plus que j’ai encore un déplacement de quelques jours à Bahreïn… Mais je tiens le coup et l’envie de revoir Lynne est bien présente. C’est finalement elle qui m’annonce un soir de début juillet qu’elle compte bien venir profiter de ses vacances d’été en France. Ah oui? A quelles dates? Du 9 au 21 juillet ? Ça tombe bien, je n’ai rien de prévu. Et comme l’improvisation a du bon, je lui propose de me rejoindre sur notre voilier familial, un Feeling 326 basé à Canet-en-Roussillon. Rien de tel que la proximité dans un espace confiné pour savoir si nous sommes compatibles. Et autant savoir tout de suite si Lynne aime être sur l’eau. Pour une fille qui se dit originaire de l’océan, ça devrait être une formalité…

"Que va t-il arriver à ma fille?..."

Lynne- Mon départ en France ne se fait pas sans doutes ni sans craintes, ni pour moi ni pour ma famille. Imaginez la réaction de mes parents lorsque je leur dis que je pars en France passer 2 semaines sur un voilier avec un garçon que j’ai croisé à peine trois jours en Jordanie! Et bien, comme tous parents qui se soucient de leur petit « bébé de la famille », la réaction est à la fois réservée et positive. Ma mère entame immédiatement toutes les recherches sur Google pour en savoir plus au sujet de Laurent. Elle finit par savoir à quel collège il est allé, ses prouesses en volleyball en France, bref, elle en sait presque plus que moi 🙂 J’ai même un ami qui me suggère de vérifier son casier judiciaire. J’ai bien apprécié toute la vigilance et la préoccupation des gens autour de moi. Une fois dans l’avion, j’appréhendais un peu mon arrivée en me demandant si tout allait bien se passer. Qu’arrivera-t-il si on ne s’entend pas très bien après quelques jours, tout me passait par la tête… Je me suis finalement appuyée sur ma petite voix intérieure en me disant « prends un jour à la fois ». À mon arrivée à l’aéroport de Perpignan, je suis accueillie avec un très grand sourire sympathique de Laurent. Un sentiment de soulagement s’installe, tout va bien aller. 

Nos premières navigations!

Laurent- Nous sommes le 10 juillet, tiens, tout juste un mois depuis notre rencontre à Amman. Bon… simple hasard. J’attends patiemment Lynne à l’aéroport de Perpignan quand j’aperçois l’avion en approche. Dans ces moments là, l’impatience grandit vite! Au moment d’atterrir, remise de gaz, l’avion repart avant même d’avoir touché le sol!… Lynne aurait-elle paniquée et soudoyé le pilote de repartir?… Finalement, la deuxième tentative d’atterrissage est la bonne et Lynne a bien eu le courage de descendre de l’avion. Nous sommes vraiment heureux de nous retrouver, mais très vite, une surprise l’attend: nous avons un invité de marque à bord du bateau en la personne de mon père! Prenez-le comme vous voulez, mais soit on considère que l’on bénéficie d’un voilier privatif avec skipper, soit j’ai assuré mes arrières au cas où quelque chose tournerait mal… La première bonne surprise, c’est que Lynne n’a pas le mal de mer. Malgré une bonne brise lors de la première sortie et un incident sur le vis-de-mulet qui décroche la bôme de la capsule du mât, elle se sent confortable sur le bateau. Au moins elle est tout de suite dans le bain des péripéties d’une navigation. Au fil des jours, nous lui faisons découvrir les plus beaux coins de la côte Vermeille avec un mouillage obligé à Collioure. 

Lynne- Une fois arrivée à Perpignan, Laurent m’invite tout de suite à rejoindre un groupe d’amis en bord de mer pour regarder la finale de la Coupe du Monde de foot. Je pense que c’était un test pour voir ma capacité d’adaptation mais bon, il ne l’admettra jamais. On se rend ensuite sur le bateau familial et même si c’était un peu une surprise de se retrouver en compagnie de son père Jean-Claude, le voyage n’aurait pas été le même s’il n’avait pas été là. Les deux semaines passées ensemble à 2 et aussi à 3 furent inoubliables. Jean-Claude était à nos petits soins nous permettant de passer beaucoup de moments à deux. Il m’a appris plein de bonnes leçons de voile et fut tout simplement d’excellente compagnie. J’ai eu droit à deux semaines de rêve dans ce décor magnifique en longeant des lieux féeriques comme Collioure, Argelès-sur-Mer et j’en passe. Laurent et moi avons appris à mieux nous connaître en deux semaines, presque plus qu’en un an. La mer a cet effet de retourner à l’essentiel.

Le temps du départ...

Lynne- A la fin de ce séjour, j’avais le cœur tellement gros, je ne voulais vraiment pas repartir. Quitter Laurent, cet homme généreux, rempli de vie, débrouillard, partant pour découvrir la vie. La seule chose qui me passa pas la tête est comment va-t-on faire pour se revoir?

Laurent- Mais où est passé le temps? Deux semaines se sont déjà écoulées, entre navigations, randonnées, baignades paradisiaques… Lynne doit rentrer au Canada et c’est à reculons que l’on doit partir pour l’aéroport. Forcément les « au revoir » sont toujours un peu douloureux et mon père et moi retournons au bateau sans un mot… Il y a comme un air de dépression qui vient inonder la cabine et avant qu’il ne soit trop présent, nous décidons de nous échapper pour une journée de randonnée en moyenne montagne dans l’arrière pays perpignanais. Un bon bol d’air frais nous fera le plus grand bien et nous changera les idées!…

Un déménagement outre-atlantique...

Laurent- Le reste de l’été portera conseil. Quand la bonne personne pour vous se présente, il ne faut pas la laisser s’échapper. Profitant d’une période un peu plus calme au plan professionnel, je décide de rendre visite à Lynne à Ottawa dès la fin du mois d’août. Désormais, mes voyages auront pour point de départ et point d’arrivée le Canada. A chaque visite mes séjours durent un peu plus longtemps et c’est finalement naturellement que je finis par y poser mes valises et à y prendre l’accent. La suite, elle s’écrit à vitesse grand V: mariage en juin 2011, Mathieu arrive le 30 août 2012 et Océane le 30 septembre 2013. L’aventure en famille peut commencer, aux côtés de Lisa et Emma qui nous rejoignent régulièrement.