Majorque, ses criques, son eau cristalline, ses sentiers de randonnées au cœur de la Serra Tramuntana classée au patrimoine de l'UNESCO, ses grottes karstiques souvent accessibles uniquement par bateau, il ne nous en fallait pas plus pour nous lancer à temps plein dans une vie au mouillage.


Un changement de rythme
J’avoue que nous perdons un peu la notion du temps depuis que nous sommes arrivés au nord de Majorque. Même si nos journées sont toujours marquées par le travail, les devoirs des enfants et des sorties quotidiennes, il est vraiment agréable de nous sentir moins pressés, à ne pas devoir courir partout. Nous vivons plus au rythme de la nature, du soleil, en respectant un peu plus nos rythmes biologiques, et nous lâchons prise progressivement avec les contraintes terrestres. Il faut dire que depuis que nous sommes arrivés aux Baléares, nous avons été choyés par la météo. Les températures sont clémentes de jour comme de nuit et nous n’avons pas eu à trop nous préoccuper des coups de vent et à nous inquiéter pour notre sécurité et celle du bateau.
Depuis 3 semaines, nous sommes en totale autonomie, ancrés dans la baie de Pollensa sur 4 à 5 mètres de fond. Chaque réveil est un émerveillement à la vue des falaises qui surplombent la baie, les contrastes de couleurs sur la mer, les quelques petites barques de pêcheurs qui glissent sans bruit en remontant leurs filets. Et le soir réserve aussi son lot de moments magiques, comme ce lever de pleine lune entre deux collines surplombant le château et le phare de la pointe de l’Avançada et éclairant une mer d’huile transparente, sans un souffle d’air au point de pouvoir suivre la chaîne au fond de l’eau et l’ancre bien enfoncée dans le sable. Si nous partions un peu dans l’inconnu avec cette vie au mouillage, nos trois premières semaines nous apportent un sentiment de plénitude.

Apprivoiser l'autonomie du bateau
Nos premières interrogations concernaient l’autonomie du bateau en eau et en énergie. Tout étant nouveau pour nous, nous faisons très attention à nos consommations quotidiennes pour ne pas nous retrouver pris de court. En quittant Alcudia, nous avions fait le plein de nos deux cuves d’eau de 350 litres chacune. Nous avons vidé la première en 10 jours, soit une consommation moyenne d’un peu moins de 9 litres par jour et par personne. N’allez pas croire que notre maison flottante commence à sentir le fauve avec si peu d’eau consommée, nous continuons à prendre soin de notre hygiène pour le bien-être de l’équipage! Nous adaptons simplement notre façon de faire la vaisselle par exemple, en lavant à l’eau de mer et en rinçant à l’eau douce. Côté douche, nous utilisons principalement la douchette de la plateforme arrière et nous ne laissons pas couler l’eau en permanence. Du coup, ces mesures sont assez efficaces. Et ces derniers jours, nous avons profité de quelques sorties en mer et dans des criques pour faire fonctionner le dessalinisateur et tester la qualité de l’eau produite. Test réussi puisque non seulement les cuves se remplissent vite, mais l’eau produite est en plus de très bonne qualité. Nous pouvons la boire sans risque de nous rendre malades, c’est plutôt rassurant. Enfin, jusque là...
Côté énergie, nous faisons attention à ce que nos batteries ne descendent pas en dessous de 70% de charge. Les panneaux solaires remplissent bien leur rôle la journée malgré la durée d’ensoleillement encore faible par rapport à la pleine saison. Nous allumons le groupe électrogène environ 1h30 par jour, souvent le soir histoire de recharger les batteries pour la nuit. Et nous laissons notre convertisseur fonctionner en permanence ce qui nous permet de produire du 220v pour charger les ordinateurs, utiliser le micro-ondes et le grille-pain. Au final, l’adaptation en matière d’énergie est assez facile, même si à l’avenir, nous trouverions plus raisonnable de réussir à optimiser encore un peu plus le 12v, y compris pour charger tous nos appareils électroniques. Si vous avez des conseils à ce sujet, nous sommes preneurs!
Rester connectés...
Finalement, la seule consommation qui explose en mettant de côté quelques bonnes bouteilles de vin dont Lynne raffole toujours, c’est celle de nos forfaits 4G. À bord, nous avons bien une antenne qui permet d’amplifier les réseaux wifi aux alentours. Mais avec la majorité des restaurants, bars et hôtels encore fermés, nous n’avons pas beaucoup d’option que d’être en quasi permanence en 4G avec nos téléphones. Du coup, nos 120G de forfait sont assez vite consommés. Nous allons devoir être un peu plus raisonnables dans notre utilisation. Le bon côté des choses, c’est que nous avons un argument tout trouvé pour limiter l’utilisation des tablettes des enfants!!
Se déplacer à terre
S’il y a une chose que nous apprécions sans modération depuis que nous sommes aux Baléares, c’est d’avoir une annexe fonctionnelle, ou plutôt devrais-je dire un moteur d’annexe fonctionnel. Ce moteur qui m’a donné tant de fil à retordre pendant 6 mois, qui a bien amusé nos anciens voisins de ponton en me voyant m’arracher les cheveux, me torturer les neurones pour comprendre pourquoi il ne voulait pas démarrer, qui m’ont vu le désosser pour en changer plusieurs pièces, et bien figurez-vous qu’il démarre à chaque fois du premier coup! Comme quoi la persévérance porte ses fruits! Et cette vie au mouillage serait impossible sans que l’annexe et son moteur ne soient pleinement opérationnels. Ramer c’est bien joli, mais quand tu es à 700m du rivage, que tu as 15 noeuds de vent de face et le clapot qui va avec, les courses à ramener à bord, tu es bien content de pouvoir avancer plutôt que de reculer ou de te laisser dériver. Quand je repense à l’ultimatum que Lynne m’avait posé avant de partir, je me dis que même avec l’esprit aventurier, elle avait quand même un peu raison: le moteur de l’annexe, c’est essentiel!




Rencontrer des amis
Mais aller à terre, c’est aussi pour les enfants l’occasion de se faire des amis ou tout du moins, de jouer avec d’autres enfants. Et de ce côté là, ils commencent à être un peu plus à l’aise. Nous avons d’abord rencontré une famille russe avec leurs deux enfants, Igor et Nikita. Vous pouvez retrouver leur aventure sur leur chaîne YouTube Sailing Olle. Les enfants ont le même âge et même si le premier contact n’a pas été facile, ils s’éclatent bien tous ensemble et commencent à utiliser un peu plus l’anglais pour communiquer. Bon, j’avoue que c’est parfois amusant d’entendre Océane expliquer des choses en français avec l’accent russe. Au moins, elle a intégré la mélodie de la langue!
Nous avons aussi fait la connaissance d’une famille danoise-suisse partie de Port-Leucate juste avant le deuxième confinement: Mawi Sailing. Ils ont mis leurs enfants à l’école jusqu’à la fin de l’année scolaire et même s’ils n’ont pas encore eu trop le temps de jouer avec Mathieu et Océane, les filles ont envie de se retrouver plus souvent tout en parlant anglais.
Et les parcs de jeux sont aussi de bons endroits pour faire des connaissances. Il y a toujours pas mal d’enfants à la sortie de l’Ecole qui viennent jouer et c’est l’occasion pour Mathieu et Océane de jouer et d’apprendre un peu l’espagnol. Et les majorquins sont vraiment gentils, souriants et hospitaliers.
Nos prochaines découvertes...
Nous avons encore pas mal de choses à découvrir dans cette région nord de Majorque: Le Cap Formentor, les remparts et les ruines romaines d’Alcudia, la vieille ville de Pollensa feront assurément partie de nos prochaines excursions! Tout en pensant à aller faire un saut de puce à Minorque prochainement...
