Voila un peu plus d’un mois que nous avons quitté Canet et que nous sommes réellement lancés dans notre nouvelle vie. Si notre mésaventure lors de notre première traversée avortée s’est soldée par plus de 3 semaines passées au port de Palamós, nous avons fait ensuite une étape de 4 jours à Blanes, une étape de 2 jours à Barcelone et nous voilà à présent aux Baléares, à Alcudia.
Voici le récit de notre dernier mois...
Évaluer les dégâts
Il faut bien l’avouer, avoir navigué pendant plus de 24h avec 90m de chaîne et une ancre de 30 kgs au fond de l’eau a soulevé quelques inquiétudes sur l’état du bateau. Au-delà des avaries visibles comme le génois déchiré, il était nécessaire d’inspecter la coque et toutes les parties immergées du bateau. J’ai donc enfilé ma combinaison, mes palmes et me voilà en ce 5 janvier de nouveau dans l’eau coincé entre 2 coques dans une eau à 13 degrés pour essayer de détecter le moindre petit problème. Heureusement l’eau est limpide ce qui donne une excellente visibilité. Et par chance, à part quelques coups sur le gelcoat au-dessus de la ligne de flottaison, un peu de peinture antifouling qui s’est enlevée sur les parties renforcées du tunnel du propulseur d’étrave, je ne vois rien. Il est vrai que sans bouteille de plongée et quelques kilos de plomb, j’ai un peu de mal à descendre en apnée comme dans le Grand Bleu, mais je suis à peu près sûr de moi quand à la qualité de l’inspection. Nous nous en sortons bien dans notre malheur et c’est la preuve que le bateau est vraiment marin.


Gérer les finances
Néanmoins, s’il n’y a pas de dégâts sous le bateau, il n’en ai pas de même sur notre porte monnaie... Notre mésaventure vient impacter l’équilibre de nos finances à court terme et nous savons que nous devrons être vigilants dans les semaines qui suivent pour ne pas nous mettre dans le rouge. Nous nous mettons à la recherche d’un génois de rechange. Nous avions plutôt prévu l’achat de voiles neuves pour l’automne 2021. Alors pour cette fois, ce sera un génois d’occasion. Après avoir parcouru quelques petites annonces, nous en trouvons un dont les dimensions sont à peu de choses près similaires au nôtre et pour un prix de 300€. Transport compris, la note s’élève à 500€. Nous ne pouvons pas voir la voile, mais elle est vendue par un professionnel, il y a donc des chances pour qu’elle soit quand même dans un état correct. Nous ne laissons donc pas passer l’occasion. La voile arrivera finalement deux semaines plus tard après quelques quiproquos entre le vendeur et l’agence de livraison. Nous en sommes quitte pour une facture d’un mois de port à 1.000€...
Nous en profitons également pour recommander un boîtier électronique pour notre moteur HB d’annexe qui lui, avec ou sans tempête, ne fonctionne toujours pas. Il va bien falloir que l’on parvienne à le faire fonctionner si on veut passer du temps dans les mouillages. Nous le recevons 3 jours avant notre départ de Palamós avec un excellent service de la société CNautique France.
Ambiance COVID...
Les débuts dans notre nouvelle vie sont aussi marqués par l’adoption de nouvelles habitudes. Découvrir de nouveaux lieux, c’est pouvoir identifier rapidement les points de ravitaillement en nourriture, les aires de jeux pour les enfants, les lieux à visiter. Et sans voiture à disposition, pas toujours évident. Tout prend un peu plus de temps mais le bon côté des choses, c’est que ça nous fait marcher beaucoup plus qu’avant. Ce qui nous marque le plus, c’est l’atmosphère étrange qui règne à chaque escale dans cette période de forte épidémie. Déambuler dans des rues presque désertes avec de nombreux commerces fermés donne souvent l’impression de villes fantômes. Même Barcelone a pris un tout autre visage sans les animations de la Rambla, la foule qui déambule dans les rues. On ressent réellement le poids de cette période compliquée, et nous ne pouvons nous empêcher de penser à toutes les personnes qui souffrent économiquement avec toutes les conséquences que cela engendre sur l’avenir mais aussi sur la santé mentale.

Un sentiment encore plus fort d’être privilégiés
Quand à nous, nous sommes pris entre deux ressentis. Celui de privilégiés d’abord, en étant en mesure de voyager et d’échapper à la plupart des restrictions mises en place par le gouvernement espagnol et les provinces autonomes. Alors que la Catalogne est confinée par ville, nous sommes autorisés à nous déplacer en bateau sans que rien ne nous soit demandé. Nous sommes toujours accueillis chaleureusement par les ports. Même le passage vers les Baléares n’a posé aucun problème. Alors que nous avions prévu de faire un test PCR (et même payé 400€ pour un rendez-vous pour nous 4 à Barcelone), nous avons appris qu’en ayant séjourné dans des ports espagnols précédemment, nous n’avions pas besoin de test. Tant mieux pour nous, même si on lutte maintenant pour nous faire rembourser...
L’autre sentiment en étant lancés dans cette nouvelle vie, c’est celui de culpabilité. Alors que les gens sont cloués chez eux, nous profitons d’une liberté qui nous permet de bouger, de nous évader et finalement de moins subir les effets de la crise, de mener une vie presque normale au quotidien. Mais nous nous sommes aussi créés cette nouvelle vie au prix de sacrifices et d’efforts, nous pouvons aussi la savourer.

Impliquer les enfants
Et comment se passe la vie à bord avec les enfants 24/24h avec nous? C’est l’un de nos gros défis du moment... globalement ils sont très coopératifs et c’est agréable de voir leur complicité s’installer au fil des jours. Mais il y a quand même quelques points qui sont sources de tensions. Nous essayons de les sortir des tablettes qui leur servent à la fois d’outil d’apprentissage, mais pas que... l’équilibre entre notre travail, l’éducation, l’école, l’entretien du bateau, les déplacements, les loisirs n’est pas encore totalement calé. Ils demandent beaucoup d’attention, sont intéressés par plein de choses mais jouent aussi parfois avec nos nerfs... À leur âge ils ont besoin de contacts avec d’autres enfants et les aires de jeux font partie de nos premières recherches lorsque l’on arrive quelque part. Pas plus tard qu’hier, ils ont fait la connaissance d’une petite fille allemande de 8 ans (qui parlent 5 langues!! rien que ça...) et de deux garçons russes de 7 et 9 ans qui vivent également sur leur bateau. Une belle rencontre malgré la barrière de la langue qui sera à notre avis vite surmontée! C’est aussi ça que nous recherchons, les rencontres et le partage de cultures. Mais il est important de leur forcer un peu la main pour sortir du bateau, vaincre leur timidité et aller à la rencontre des autres.




Nos prochaines étapes...
Avec notre arrivée aux Baléares, nous nous sentons pleinement lancés dans notre nouvelle vie. La traversée depuis le continent était importante pour retrouver le plaisir de naviguer et la confiance dans le bateau. Lynne souhaitait reprendre progressivement avec de petites étapes depuis Palamós avant de reprendre une plus longue navigation. Maintenant que nous sommes ici, nous allons y rester plusieurs semaines. Il y a beaucoup d’endroits à découvrir à commencer par la côte Est de Majorque que nous ne connaissons pas. Nous longerons la côte à la découverte d’endroits improbables et nous l’espérons, à la rencontre d’autres familles. Nous essaierons ensuite de descendre un peu plus vers Ibiza et Formentera, deux îles qu’il nous reste à découvrir.
Il ne vous reste plus qu’à nous rejoindre si le cœur vous en dit et si la situation le permet! Vous serez toujours les bienvenus à bord!
Nous sommes dans la période de vente de la maison, le bateau est à Port Saint Louis du Rhône, presque prêt. Nous y déménageons pour début juin car j’ai encore une ou 2 choses à régler en Bretagne et IDF.
Je suis notamment ancien assureur et j’aimerai savoir comment vous avez réglé le sujet assurance pour la responsabilité civile et l’assistance rapatriement. En effet les contrats habituels prévoient des séjours hors de métropole de 90 jours par an. Quel assureur avez-vous trouvé , avec quel contrat ?
Pour le bateau je contacte Pantaenius à Monaco, avec qui j’ai déjà travaillé dans le passé en courtage. Je contacte également Helvetia par le courtier Sagel.
Merci de votre réponse qui me fera gagner du temps et améliorera ma réflexion . Actuellement je suis assuré Axa Plaisance, mais je devrai résilier car le contrat se limite aux eaux européennes.
Merci beaucoup d’avance.
Pour votre moteur HB, je vois que vous avez mis un harnais pour le manipuler depuis le bateau, c’est bien . Voilà un truc pour le soulever encore plus facilement. Sur mon Suzuki, il y a sur le dessus du bloc moteur, un trou fileté, dans lequel mettre un boulon Inox à œil pour soulever le moteur par un seul point prévu à cet effet. Il faut installer à poste , (pour ne pas avoir à enlever le capot à chaque manip.) une boucle en dynema fixée dans l’œil du boulon Inox , passant à travers le capot (percé à cet effet et étanché au sika ensuite ) , qui dépasse du capot. Ainsi accastillé, le moteur se lève par un seul point très solide, le bout dynema dépasse en permanence pour une manip aisée . Cette installation est devenue celle des écoles de voile en Bretagne et m’a été fournie par le concessionnaire Suzuki. Amitiés, Patrick et Sylvie sur Croix du Sud.
Bonjour Patrick! Content que les préparatifs avancent! J’imagine qu’il vous tarde d’être sur le bateau maintenant, surtout avec la situation COVID qui dure et nous prive de liberté… Pour l’assurance, nous ne sommes pas certains de pouvoir être d’une grande aide pour le moment. Nous sommes pour le moment chez April Marine ers tous risques, mais nous changerons certainement pour Panthaenius avant la transat pour une meilleure couverture. Nous allons devoir nous aussi étudier les meilleures options sachant qu’outre-atlantique, pas grand chose semble couvert ou alors à des prix exorbitants. Pour le moteur, le harnais est pratique sachant que nous avons un palan qui nous aide à le monter et descendre. Il fait quand même 40kgs, c’est donc assez laborieux à manipuler. Lynne aimerait changer pour un moteur électrique de 15kgs, mais quand je vois le vent que nous avons aujourd’hui au mouillage (25Nds) et assez éloigné de la plage, j’apprécie d’avoir de la puissance pour passer les vagues (même si on se trempe, mais une thalassothérapie n’a jamais fait de mal à personne!! 😁). A priori, impossible d’installer sur le Yamaha un système équivalent à celui que tu as sur le Suzuki, même si ça à l’air très pratique. Je regarderai quand même de plus près la question 😉.
A bientôt et amitiés également à vous 2 !