Changer de vie et déménager sur un voilier…

Un rêve qui devient réalité

Depuis plusieurs années, je mijote l‘idée de changer de vie, de quitter mon travail et créer un travail qui me permettrait de voyager en famille, faire découvrir le monde à nos enfants, les éduquer au travers de la richesse du monde, de vivre plus près de la nature et de la respecter davantage. Bref, de se créer une vie au plus proche de nos valeurs. C’était une envie un peu folle, ambitieuse et très certainement idéaliste, je l’admets.

Je savais bien que cette idée de déménager sur un voilier serait aussi remplie de doutes, de peurs, d’embûches et je n’étais même pas convaincue que cette vie serait pour moi et comment j’allais m’y adapter. Moi qui avait vécu sous un certain schéma depuis plus de 20 ans, salariée, sécurité, routine... ayant toujours vécu dans une maison, comment allais-je m’adapter à la vie sur un bateau? Comment vivre pleinement cette aventure avec les enfants tout en « travaillant autrement »? Est-ce que j’aurai la patience, la motivation et la bonne humeur pour être avec les enfants tout le temps? C’est drôle comment notre cerveau joue des tours avec nous. Il nous donne l’envie de rêver et par la même occasion nous envahit avec tous ces sentiments contradictoires de doutes, de craintes et de peurs.

Et bien le déblocage pour nous, pour moi, fut un certain jour du mois d’août, après avoir passé deux semaines sur le voilier de mon beau-père. J’ai regardé Laurent dans les yeux et lui ai dit, alors comment on ferait VRAIMENT pour partir en voilier en famille? Et voilà le début de notre premier échange sur le COMMENT. Cette idée folle s’est transformée en projet avec une date de départ fixée, des tâches à accomplir, des échéanciers à respecter. Et bien sûr de nombreux échanges animés car les doutes, les craintes et les peurs reviennent et galop et oh combien souvent!!!

Le grand jour est arrivé!

Et bien, le grand jour est arrivé, le jour où nous avons officiellement pris le pari de changer de vie, de quitter la maison pour franchir une grande étape, celle de déménager et de vivre sur notre bateau. Le départ « officiel » de notre grande aventure est repoussé à cause de la situation sanitaire encore incertaine dans le monde, mais ça ne change en rien notre détermination pour la suite. Notre envie de vivre, d’éduquer, de voyager et de travailler autrement nous anime au plus profond de nous-même et elle vient de franchir un nouveau cap.

Voilà déjà un mois que nous avons déménagé notre maison sur le bateau. Il faut dire que ces dix jours consacrés au déménagement n’ont pas été de tout repos et que cette période a été chargée d’émotions. Au lendemain du déconfinement, Laurent avait prévu de rentrer tout seul à Bordeaux pour vider la maison, paqueter l’essentiel pour le bateau, faire l’état des lieux le 20 mai avant de revenir à Canet avec une petite camionnette. Mais dès le début, le destin en a décidé autrement et c’est finalement en voiture que nous sommes remontés tous les 4, munis d’une multitude d’attestations dérogatoires de déplacement au-delà de 100km de notre domicile. Une semaine, c’est exactement le temps que nous avons eu pour vendre tous nos meubles, faire le tri des affaires indispensables, des papiers personnels et professionnels, nettoyer toute la maison pour la laisser impeccable car nous n’avions pas l’intention de nous asseoir sur notre caution…! Lisa et Emma nous ont rejoint et ça n’a pas été du luxe. Toute la famille s’est mise au travail avec de très longues journées entrecoupées de visites d’amis que nous avons eu le plus grand plaisir de voir, même si nous n’avons pas pu leur accorder tout le temps que nous aurions souhaité.

Réduire ses affaires à l'essentiel

Changer de vie et déménager sur un voilier, c’est accepté de relever le défi de se séparer de tout le superflu. Passer d’une maison de 145m2 à un bateau de 16m impose forcément un tri sans concession des affaires qui sont indispensables de celles qui ne le sont pas. C’est fou à quel point même en faisant attention, nous accumulons tout un tas de petites choses qui s’entassent et dont on se souvient justement quand on doit déménager. Pas question pour autant de tout jeter à la poubelle et même si ça nous a pris du temps et de l’organisation, nous avons fait en sorte que nos affaires non indispensables aient toutes une deuxième vie! La quasi totalité de nos meubles ont été vendus, des vêtements inutiles pour nous ont été donnés. Pendant 2 jours, notre trottoir s’est transformé en brocante au plus grand bonheur des passants. Mathieu et Océane ont fait beaucoup d’efforts pour parvenir à se séparer de certains de leurs jeux et jouets. Mais au final, ils étaient fiers d’avoir pu faire plaisir à d’autres enfants plus démunis ou à des copains et copines qui étaient contents de pouvoir garder un souvenir d’eux.

S'éloigner des personnes que l'on aime

L’autre côté difficile quand on change de vie, c’est de quitter une ville, un quartier, des amis que nous apprécions énormément. Après quatre années à Bègles, nous avions pris nos marques et nous y sentions très bien. Tout était proche, il y avait un bel atmosphère et une proximité avec les gens qui vont nous manquer. C’est lorsque nous partons que nous réalisons encore plus à quel point nous étions bien. Nos amis du volley, de l’école, la famille… Nous avons eu beaucoup de tristesse à les laisser derrière nous. Mais nous savons aussi que nous allons rester en contact, que nous allons nous donner des nouvelles régulièrement et que nous espérons pouvoir les revoir et les accueillir sur notre voilier pour leur faire partager un petit bout de notre nouvelle vie. Nous avons été très touchés par les témoignages d’affection et l’aide que nous avons reçue pendant cette période de transition. Alors nous en profitons pour vous remercier toutes et tous:

  • Aurélie et Kamal
  • Krystel et Olivier
  • Gaëlle et Mathieu
  • Carine et Thierry
  • Karina et Benoit
  • Caroline et Benoit
  • Florence et Cédric
  • Karine notre voisine
  • Sylvie Boutin
  • Marie-Claire
  • Marion
  • Nelly et Guillaume
  • Karine et Romain
  • Pauline et Romain

Et sans oublier bien sûr Mamie Annette, Ghislaine et Marianne de la Ludothèque de Gradignan, toute l’équipe pédagogique de l’école Ferdinand Buisson (Elorry Soubelet, Eric Bacqué, Vanessa Couesnon, Catherine, Nathalie Berton-Jacques, Malika Khelifi).

Avancer et se lancer à fond dans l'aventure

Malgré tout nous n’avons aucun regrets. Les enfants s’épanouissent, nous nous créons de nouveaux amis de ponton, nous commençons à naviguer et nous ajustons notre rythme pour être en mesure de travailler, voyager et éduquer les enfants.  Nous savons qu’il y aura des moments de doutes, des moments d’euphorie, des moments de ras-le-bol, mais n’est-ce pas ça la vie, que ce soit sur un bateau ou sur terre?…