Vous y connaissez quelque chose en bricolage ? Nous, pas vraiment… Mais en vivant sur un bateau, les petits comme les gros travaux font partis de notre quotidien. Et on découvre au fur et à mesure que bricoler, c’est quand même la loi de l’emmerdement maximum sur un voilier !…
Des numéros de contorsionnistes
Nous avons déjà évoqué les différentes fuites que nous avions constatées sur le réseau d’eau, le moteur etc… Si nous en avons identifié certaines, d’autres restent encore une énigme. Le bon côté des choses, c’est que nous avons du temps avec le confinement pour essayer de remonter à la source. Mais en effet, rien n’est simple pour parvenir à régler les problèmes et remettre certaines parties du bateau en état. Depuis le début, Lynne et moi faisons des numéros de contorsionnistes pour atteindre les éléments les moins accessibles. Et je dois dire que malgré presque 10 ans de vie commune, Lynne a encore découvert quelques expressions exotiques alors que j’étais coincé la tête entre 2 tuyaux, les épaules encastrées dans une porte de placard ou encore à genoux avec un seuil de porte en train de me broyer les tibias tout en luttant pour dévisser un écrou récalcitrant… L’opération la plus bénigne dans une maison tourne rapidement à la mission impossible sur un bateau.

Faire preuve de patience
La loi de l’emmerdement maximum sur un voilier, en plus d’être liée à la complexité de certains travaux à mener, reflète aussi l’énergie et le temps à mettre pour arriver à nos fins. Cette semaine nous l’a encore démontré au travers de trois exemples. Nous avons terminé le remplacement de certains passes-coque. Si l’opération est en soi plutôt facile même pour un débutant, l’un d’entre eux situé dans les toilettes nous a donné du fil à retordre. Peu accessible, l’installation de la vanne, le réglage et le positionnement de sa poignée, la pose du raccord du tuyau d’évacuation nous a pris à peu près 1h30 alors que les plus accessibles nous auraient pris à peine 15 minutes. Et tout cela, en allant s’exploser quelques articulations déjà bien entamées…
Histoire de tuyau...
Jeudi, la bonne idée était de nettoyer le four et son bloc d’encastrement. Ils n’avaient pas dû voir une éponge depuis plusieurs années… A tel point que le tuyau de gaz, après lui avoir redonné sa couleur initiale, était à changer depuis 2012. Je m’exécute dans la foulée et après avoir fait briller le four, je réinstalle le tout après 1h30 de travail, pensant que le plus gros est fait. Grosse erreur de jugement, le plus dur était à venir avec le raccordement du tuyau de gaz à l’embout en laiton. Deux heures de lutte sous l’évier, la tête à l’envers, le dos vrillé, à faire des abdominaux en isométrie pour parvenir à loger le tuyau dans la tétine. Nous avons tout essayé pour l’assouplir, rien n’y a fait. Mais comme je ne suis pas du genre à abandonner, j’ai fini par avoir le dernier mot même si mes phalanges et mes paumes de main ont chauffé dur!
Hier samedi, la mission du jour était la révision du guindeau électrique. Si la chaîne d’ancre remontait normalement, impossible de la descendre. J’opte pour la solution la plus logique, dévisser le frein du barbotin pour libérer la chaîne. Mais là encore, le temps a fait son oeuvre et le frein est complètement grippé. Une nouvelle fois, il aura fallu deux heures pour parvenir à le libérer après avoir bien entamé notre WD40 et plusieurs coups de marteau…

Avoir les bons outils
Bon, nous devons quand même avouer que cette loi de l’emmerdement maximum en voilier peut être maîtrisée à minima en disposant des bons outils. En faisant l’inventaire du bateau, nous avons pu récupérer pas mal d’outils même si certains étaient bien oxydés ou rouillés. Nous les avons traités et pour la plupart, ils sont devenus opérationnels. Nous avons aussi investi dans une bonne perceuse-dévisseuse, quelques autres outils indispensables qui nous facilitent la vie. Mais le sur-dimensionnement de certaines pièces nous pose encore quelques maux de tête pour pouvoir poursuivre des révisions. Et le plus gros reste encore à venir avec la reprise de tous nos réseaux d’eau à bord et le levage du moteur pour révision. Nous n’avons pas encore fixé de date pour le faire mais ça va nécessiter le démontage de tout le carré et des planchers. Quelques bonnes journées de casse-tête en perspective!

Un peu de vocabulaire…
Ok, le vocabulaire marin n’est pas toujours une évidence. Alors on vous livre un petit lexique de quelques termes bizarroïdes utilisés dans cet article.
Passe-coque: Pièce métallique ou en plastique constituée d'un tube fileté et de rondelles de serrage destinées à connecter des périphériques (tuyaux de pompes, évacuations, capteurs) entre l'intérieur d'un bateau et l'extérieur. Il peut être situé sous la ligne de flottaison ou au dessus selon l'usage.
Guindeau: Treuil situé à l’avant des navires qui permet de relever l’ancre. Le nôtre est un Lofrans’ Tigres 1500W
Barbotin: Pièce du guindeau formé à l’empreinte des maillons de la chaîne d’ancre et sur laquelle les maillons viennent s’endrailler.