La loi de l’emmerdement maximum en voilier

Travaux bricolage emmerdement maximum voilier

Vous y connaissez quelque chose en bricolage ? Nous, pas vraiment… Mais en vivant sur un bateau, les petits comme les gros travaux font partis de notre quotidien. Et on découvre au fur et à mesure que bricoler, c’est quand même la loi de l’emmerdement maximum sur un voilier !…

Des numéros de contorsionnistes

Nous avons déjà évoqué les différentes fuites que nous avions constatées sur le réseau d’eau, le moteur etc… Si nous en avons identifié certaines, d’autres restent encore une énigme. Le bon côté des choses, c’est que nous avons du temps avec le confinement pour essayer de remonter à la source. Mais en effet, rien n’est simple pour parvenir à régler les problèmes et remettre certaines parties du bateau en état. Depuis le début, Lynne et moi faisons des numéros de contorsionnistes pour atteindre les éléments les moins accessibles. Et je dois dire que malgré presque 10 ans de vie commune, Lynne a encore découvert quelques expressions exotiques alors que j’étais coincé la tête entre 2 tuyaux, les épaules encastrées dans une porte de placard ou encore à genoux avec un seuil de porte en train de me broyer les tibias tout en luttant pour dévisser un écrou récalcitrant… L’opération la plus bénigne dans une maison tourne rapidement à la mission impossible sur un bateau.

Faire preuve de patience

La loi de l’emmerdement maximum sur un voilier, en plus d’être liée à la complexité de certains travaux à mener, reflète aussi l’énergie et le temps à mettre pour arriver à nos fins. Cette semaine nous l’a encore démontré au travers de trois exemples. Nous avons terminé le remplacement de certains passes-coque. Si l’opération est en soi plutôt facile même pour un débutant, l’un d’entre eux situé dans les toilettes nous a donné du fil à retordre. Peu accessible, l’installation de la vanne, le réglage et le positionnement de sa poignée, la pose du raccord du tuyau d’évacuation nous a pris à peu près 1h30 alors que les plus accessibles nous auraient pris à peine 15 minutes. Et tout cela, en allant s’exploser quelques articulations déjà bien entamées…

Histoire de tuyau...

Jeudi, la bonne idée était de nettoyer le four et son bloc d’encastrement. Ils n’avaient pas dû voir une éponge depuis plusieurs années… A tel point que le tuyau de gaz, après lui avoir redonné sa couleur initiale, était à changer depuis 2012. Je m’exécute dans la foulée et après avoir fait briller le four, je réinstalle le tout après 1h30 de travail, pensant que le plus gros est fait. Grosse erreur de jugement, le plus dur était à venir avec le raccordement du tuyau de gaz à l’embout en laiton. Deux heures de lutte sous l’évier, la tête à l’envers, le dos vrillé, à faire des abdominaux en isométrie pour parvenir à loger le tuyau dans la tétine. Nous avons tout essayé pour l’assouplir, rien n’y a fait. Mais comme je ne suis pas du genre à abandonner, j’ai fini par avoir le dernier mot même si mes phalanges et mes paumes de main ont chauffé dur!

Hier samedi, la mission du jour était la révision du guindeau électrique. Si la chaîne d’ancre remontait normalement, impossible de la descendre. J’opte pour la solution la plus logique, dévisser le frein du barbotin pour libérer la chaîne. Mais là encore, le temps a fait son oeuvre et le frein est complètement grippé. Une nouvelle fois, il aura fallu deux heures pour parvenir à le libérer après avoir bien entamé notre WD40 et plusieurs coups de marteau…

Avoir les bons outils

Bon, nous devons quand même avouer que cette loi de l’emmerdement maximum en voilier peut être maîtrisée à minima en disposant des bons outils. En faisant l’inventaire du bateau, nous avons pu récupérer pas mal d’outils même si certains étaient bien oxydés ou rouillés. Nous les avons traités et pour la plupart, ils sont devenus opérationnels. Nous avons aussi investi dans une bonne perceuse-dévisseuse, quelques autres outils indispensables qui nous facilitent la vie. Mais le sur-dimensionnement de certaines pièces nous pose encore quelques maux de tête pour pouvoir poursuivre des révisions. Et le plus gros reste encore à venir avec la reprise de tous nos réseaux d’eau à bord et le levage du moteur pour révision. Nous n’avons pas encore fixé de date pour le faire mais ça va nécessiter le démontage de tout le carré et des planchers. Quelques bonnes journées de casse-tête en perspective!

Un peu de vocabulaire…

Ok, le vocabulaire marin n’est pas toujours une évidence. Alors on vous livre un petit lexique de quelques termes bizarroïdes utilisés dans cet article.

Passe-coque: Pièce métallique ou en plastique constituée d'un tube fileté et de rondelles de serrage destinées à connecter des périphériques (tuyaux de pompes, évacuations, capteurs) entre l'intérieur d'un bateau et l'extérieur. Il peut être situé sous la ligne de flottaison ou au dessus selon l'usage.

Guindeau: Treuil situé à l’avant des navires qui permet de relever l’ancre. Le nôtre est un Lofrans’ Tigres 1500W 

Barbotin: Pièce du guindeau formé à l’empreinte des maillons de la chaîne d’ancre et sur laquelle les maillons viennent s’endrailler.

Climat, solidarité, tolérance, travail, famille, épanouissement personnel, pourquoi ce confinement imposé lié au Covid-19 est une opportunité

Dans ces temps difficiles de confinement pour tout le monde, nous pensons à toutes celles et tous ceux qui sont touché-e-s par le Covid-19 en leur souhaitant un bon rétablissement. La situation que nous vivons est exceptionnelle au vu du nombre de pays touchés (il y en avait 166 ce jeudi), de la vitesse de croissance de la pandémie dans chaque pays, de l’impact qu’elle a sur nos vies quotidiennes, des mesures drastiques de confinement qu’elle engendre pour parvenir à vaincre la maladie. Bien sûr il y aura toujours une poignée de réfractaires pour penser que ces mesures sont encore un complot ou une volonté de nuire à leur liberté. Mais la grande majorité des personnes les respectent et malgré le fait qu’il va devenir de plus en plus frustrant de ne pas sortir de chez soi, de ne pas avoir d’interactions sociales physiques, nous pensons que ce confinement imposé est une opportunité à plusieurs égards.

Une opportunité pour l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique

La planète trouve toujours des moyens de se rééquilibrer. Cette pause dans l’économie mondiale a des effets remarquables et positifs sur le niveau de pollution, le rejet de gaz à effet de serre et notre impact carbone. Comme quoi les scientifiques ont raison d’insister sur la possibilité de ralentir la vitesse du réchauffement climatique. Mais pour cela il faut des mesures drastiques. Les images satellites de la NASA mettent bien en évidence la disparition du nuage de pollution au-dessus de la Chine après quelques semaines de confinement. Idem pour les eaux de Venise redevenues limpides en l’espace de quelques jours. Ces exemples démontrent aussi à quel point des décisions fortes, courageuses et coordonnées de la part des leaders politiques du monde entier pourraient radicalement impacter positivement le climat. Et en ce qui nous concerne, l’urgence climatique est aussi importante que l’urgence de lutter contre le Covid-19. Le réchauffement montre déjà ses effets destructeurs dans les pays les plus vulnérables. En voyageant beaucoup en Afrique, je ne peux que constater les conséquences désastreuses pour les populations: sécheresses intenses, phénomènes climatiques intenses provoquant des déplacements de populations... Les gens sont déboussolés. Si seulement la prochaine étape après la crise du coronavirus et ce confinement imposé pouvait être le climat... Il en va de l’avenir de nos enfants.

Plus de solidarité et d’humain, de tolérance et de respect

Lors de chaque événement exceptionnel, nous constatons un élan de solidarité et de sympathie. Bien qu’il soit difficile de les comparer, certains me viennent en tête. La victoire de l’équipe de France de football en Coupe du Monde en 1998 avait généré ne serait-ce que temporairement, une forme d’unité nationale, gommant le temps de quelques semaines les différences et mettant sur un pied d’égalité toutes les origines sociales et raciales. L'effondrement des tours jumelles à New-York avait ému le monde entier. Je n’ai d’ailleurs jamais oublié où j’étais et ce que je faisais le jour où c’est arrivé. Les hommages rendus aux pompiers, aux secours, aux policiers resteront des moments forts. Plus proche de nous, la série d’attentats en France qui a également soulevé une vague d’émotion malgré les récupérations politiques... Aujourd’hui dans cette crise sanitaire, ce sont les hommages et les applaudissements qui sont rendus tous les soirs en France pour celles et ceux qui luttent au quotidien contre le virus. En Italie ce sont les gens qui ouvrent leurs fenêtres et qui chantent l’hymne national malgré le confinement qui s’éternise et le nombre de décès qui augmente. Et sur un autre registre, j’apprécie vraiment les initiatives de ces stars de la musique qui proposent des concerts depuis chez eux. 

Mais ce que nous ressentons aussi, c’est le besoin de se rapprocher de plus en plus des gens, d’être dans l’interaction sociale. Nous appelons notre famille, nos amis plus souvent, nous recherchons le contact face à l’isolement physique. Recréer le lien est essentiel. C’est aussi ça la solidarité, prendre des nouvelles de ses proches, des gens que l’on aime, des ami-e-s, développer des réseaux d’entraides. Autant de gestes que nous ne prenons certainement plus le temps de faire au quotidien, absorbés par nos rythmes de vie effrénés et un certain égoïsme...

Passer plus de temps en famille, prendre du temps pour soi

Se retrouver en famille est vraiment ressourçant. Bien sûr nous nous considérons privilégiés. Notre couple va bien, nous sommes en bonne santé. Certes les enfants prennent beaucoup d’énergie, mais certaines situations doivent être bien différentes avec des familles sous tension, des couples en instance de divorce obligés d’être confinés chez eux. Mais est-ce que ce confinement n’est finalement pas pour nous tous la possibilité de mieux communiquer, de savourer chaque instant à des moments où nous sommes tous vulnérables ? Quel bonheur de voir ses enfants grandir chaque jour, prendre de nouvelles responsabilités, se prendre dans les bras, s’épanouir tout en respectant un cadre et peut être un peu mieux leur rythme biologique.

Mais ce temps mort imposé, c’est aussi la possibilité de prendre plus de temps pour soi, pour se replonger dans des lectures, ne plus avoir de scrupules pour donner plus de priorités à nos passions et à ce que nous aimons faire.

Repenser nos façons de travailler

J’ai toujours eu une façon un peu atypique de travailler. Je me suis toujours senti plus productif dans des environnements originaux. Je me sens privilégié de pouvoir travailler avec un ordinateur, un téléphone et une connexion Internet. Et surtout, j’ai toujours mis de côté les apparences pour privilégier la qualité des relations humaines, la compétence et les valeurs plutôt que le « m’as-tu vu » si superficiel et arrogant. Ces derniers jours, nous avons certainement tous multiplié les visioconférences pour tenir nos réunions et j’apprécie vraiment cela. Ça donne un côté moins formel, plus détendu. Et ça nous permet de lier vie professionnelle et vie personnelle sans pour autant perdre en qualité de travail. Bien sûr tous les métiers n’ont pas cette possibilité et nous ne sommes pas non plus égaux face à l’accès aux nouvelles technologies. Mais notre point de vue consiste surtout à penser que la course à la productivité, le dogme de la croissance économique à tout prix ont probablement atteint leurs limites, tout comme nos modes de consommation et de vie en général. Je reste convaincu que l’être humain n’est pas fait pour travailler autant que ce que le système nous pousse à faire. Nous devons faire preuve de plus de discernement et de recul. Pourquoi ne pas s’inspirer des orientations prises par la Norvège qui veut revenir à la semaine de 4 jours travaillés?

Ce confinement nous amène à nous réinventer, à favoriser le télétravail, à bâtir aussi nos relations professionnelles sur la confiance et la responsabilisation. Peut-être que nous pouvons envisager de travailler moins, mais de façon plus responsable et efficace. Peut-être que nos façons de travailler devraient nous amener à mieux préserver notre équilibre de vie.

Prendre du recul sur nos modes de vie actuels

Cette semaine en travaillant sur un dossier, j’ai découvert le concept de fossé émotionnel. Ce fossé constitue l’écart entre sa situation idéale ou rêvée et sa situation réelle. Ce fossé peut conduire à un mal-être, des éternelles frustrations,  des burn-out, dépressions. Nous sommes certains que beaucoup d’entre nous sommes sujets à ce fossé émotionnel et s’interrogent sur leurs aspirations les plus légitimes et comment les atteindre. De part nos expériences personnelles et professionnelles, Lynne et moi sommes toujours parvenus à conserver un équilibre, non sans difficultés et obstacles, mais nous avons cette satisfaction. La préparation de notre voyage en est une nouvelle fois une preuve. Nous nous sommes donné les moyens et avons créé les conditions favorables à ce projet

Lynne s’est beaucoup penchée sur sa mission de vie qui consiste avant tout à aider les autres. Elle a une empathie naturelle, sait être à l’écoute et respecter chaque situation et choix. Dans la transition professionnelle qu’elle traverse et en capitalisant sur ses compétences en psychologie et en coaching, elle est en train de préparer une nouvelle activité pour accompagner celles et ceux qui souhaitent prendre du recul sur leur quotidien, suivre leurs aspirations et continuer à s’épanouir en franchissant le pas vers de nouveaux horizons. Il y a toujours de bonnes raisons pour ne pas faire les choses, toujours de bonnes raisons pour remettre à plus tard ce à quoi pourtant nous aspirons. Or, il n’y a rien de pire que les regrets. Notre voyage sera bien sûr une source d’inspiration et une illustration de ce qu’il est possible de faire.

Nous plonger dans notre aventure

Enfin pour nous, ce confinement c’est aussi la possibilité de nous immerger dans ce que sera notre vie lorsque nous serons partis pour notre voyage autour du monde. Nous retrouver confinés dans un espace réduit va nous permettre de voir si nous réussissons à vivre 24h/24h les uns sur les autres sans possibilité de s’échapper. Deux semaines de confinement, c’est finalement la durée nécessaire pour traverser l’Atlantique. Entre 3 semaines et 1 mois, c’est le Pacifique. C’est donc un excellent test. Il est évident que si ça ne passe pas en étant au port, il nous paraît compliqué que ça marche une fois en mer. Bon, nous vous rassurons, jusqu’ici tout va bien, voire très bien même. Les enfants se responsabilisent, ils ont parfaitement pris leurs marques. Les journées restent toujours bien occupées et nous n’avons pas le temps de nous ennuyer !

Vous l’aurez compris, pour nous ce confinement et cette situation sanitaire exceptionnelle ne font que renforcer le sens que nous voulons donner à notre voyager: vivre autrement, éduquer autrement, travailler autrement, voyager autrement…

Entretien du bateau, carénage de la coque

Entretien carénage coque bateau

Les grandes manoeuvres

À l’heure où de nombreuses personnes sont confinées chez elles à cause de ce foutu coronavirus, de notre côté nous avons repris depuis jeudi nos quartiers à Canet pour attaquer l’un des chantiers les plus importants de la longue liste que nous avons à faire: entretien et carénage du bateau. Et à la vue de l’état de la coque lors de la mise sur sangles lorsque nous avions fait l’expertise avant l’achat, il y avait fort à parier qu’il y aurait du travail... et bien, pari gagné !! C’est un élevage d’algues, de moules, d’huîtres et de tout un tas de petits coquillages qui ont élus domicile sous notre coque et qui ont profité de chaque cm2 pour se poser... je sens que l’on ne va pas s’ennuyer dans les 6 jours qui viennent!

Gérer le stress...

Aller, au travail! Mais avant de commencer la première aventure et de réussir à sortir le bateau de son emplacement sans dommages, nous avons une équation à résoudre. Petits rappels: 1) nous sommes vendredi 13... si nous avions été superstitieux, nous aurions certainement attendu le lendemain. Mais bon, nous sommes joueurs et nous aimons les risques. 2) notre moteur perd de l’huile en grande quantité. 3) on ne déplace pas un voilier de 16m de long, 4,30m de large et de 15 tonnes avec la même facilité que sa voiture que l'on sort prendre l'air un dimanche. 4) Nous serons seulement deux pour manoeuvrer avec Lynne qui n’a pas d’expérience. 5) Pour corser le tout, la météo annonce un vent de nord-ouest de 10 à 12 noeuds avec rafales jusqu’à 23 noeuds. Autant dire que dans ces conditions, je répète mes manœuvres dans la tête depuis deux jours, comme au bon vieux temps de joueur de volley. La visualisation mentale, ça a du bon!

La première chose à faire dès jeudi soir est de remettre de l’huile dans le moteur. Je verse 4.5 litres, soit la moitié de ce que peut contenir le réservoir. Une heure après je contrôle le niveau et je constate avec regrets que la jauge est bien sèche. Pas bon signe, mais rien n’a coulé dans la cale moteur. La zone de grutage étant à peine à 500m de notre emplacement, ça devrait malgré tout pouvoir le faire et la bonne chose, c’est que le moteur démarre au quart de tour.

Une bonne communication avant tout!

Le lendemain matin, branle-bas de combat. Le grutage est prévu à 10:00. Après le petit-déjeuner et un passage à la capitainerie pour faire valider notre temps sur la zone technique, on prépare le bateau et surtout le briefing pour appareiller. Premier test communication entre Lynne et moi. Je vous en livre un résumé :

- Bon chérie, le vent venant du nord-ouest, le bateau va être poussé en arrière vers le ponton. Nous larguerons donc en dernier la garde arrière tribord qui nous empêche de reculer. Nous commencerons par larguer la garde avant tribord, la garde arrière bâbord sans qu’elle tombe dans l’eau si possible car elle pourrait venir se prendre dans l’hélice, l’amarre de pointe avant  tribord, puis la pointe arrière bâbord, ca va?

- Euh, oui... c’est quoi déjà la différence entre une garde et une pointe?...  et quand je vais être devant on ne va pas s’entendre, il faut que je sache quoi faire.

- Alors, les pointes servent à empêcher le bateau de partir vers la gauche et vers la droite, les gardes l’empêche d’avancer et de reculer, je te rassure, rien à voir avec le tarot. Bon après, tu poursuis avec la pointe avant bâbord et enfin la pointe arrière tribord suivie de la garde arrière tribord. Une fois tout largué, tu te mets côté bâbord et tu vérifies que l’on ne se rapproche pas du bateau d’à côté. Ça va toujours? Et si ça peut te rassurer, tu n’as pas d’autre choix que de le faire dans l’ordre. 

- Bon d’accord, je vais essayer, mais je fais quoi des cordages et je les enlève comment?

- Ah oui d’accord, on part de loin quand même... bon on a pas le choix de toute façon et heureusement j’ai le propulseur d’étrave qui fonctionne et je pourrai jouer avec les gaz pour maintenir le bateau dans l’axe. Aller, tout va bien se passer et dans le calme.

Et tout s’est déroulé sans encombres! Ça aurait été dommage de devoir appeler l’assurance dès la première manœuvre et surtout de devoir gérer une crise de couple à cause d’une communication malheureuse.

Séance carénage

Voir son bateau perché sur une grue, c’est toujours impressionnant et anxiogène. Mais généralement tout se passe bien, même un vendredi 13. Une fois le bateau posé sur ses cales, nous constatons l’ampleur du travail de carénage et d'entretien à fournir. Je m’y attèle en commençant par l’hélice que nous devons démonter pour l’envoyer à la révision à 400kms de Canet. Pas le droit de se tromper et de manquer une journée au risque de ne pas la recevoir en retour pour vendredi prochain, date de la remise à l’eau. Puis la séance de grattage des coquillages débute en tenue de combat. Même après une bonne douche le soir, j’ai encore l’impression de sentir les fruits de mer avariés, mais la coque retrouve un peu de sa couleur. La séance de karcher achève le travail mais il aura quand même fallu compter 1/2 journée par côté pour que la coque soit finalement lisse et que j’arrive à revoir entièrement le propulseur d’étrave qui était noyé sous les huîtres.

Et pendant ce temps-là...

Et qu’à fait Lynne pendant tout ce temps?... et bien elle a géré la crise du coronavirus. Avec les annonces de fermeture des écoles, la logistique des enfants restés avec mamie a été un gros morceau. Comme tout le monde nous allons devoir nous ajuster dans les prochaines semaines en restant en famille et en avançant sur nos projets. Nous avons la chance d’avoir des boulots qui peuvent se faire à distance et il nous est du coup plus facile de suivre les consignes sanitaires mises en place.

Les prochaines étapes de notre semaine au sec: ponçage de la coque, remplacement des passe-coque (ces vannes qui font le passage entre l’extérieur et l’intérieur de la coque), application de l’antifouling, lustrage de la partie émergée de la coque. Bref, encore de bonnes heures bien occupées!

Pour conclure ce long post dominical, je ne pouvais terminer sans vous livrer quelques anecdotes, parce que la vie sur un bateau au sec a aussi son charme, et que cela pourrait servir aux novices qui comme nous découvrent certains aspects de la plaisance...

- Chérie, comment on fait pour monter à bord? Une fois le bateau posé sur ses cales, le cockpit se trouve environ 4-5 mètres au-dessus du sol. Si nous avons bien amené un escabeau dans la voiture fermée à clé, nous avons en revanche laissé nos clés dans le bateau. Avec notre échelle de bord en position relevée et impossible à atteindre, nous n’avons pu que contempler notre bateau d’en bas, sans moyen d’accéder à bord... c’est dommage non? Heureusement il y a quand même une solidarité sur une zone technique portuaire et l’un de nos voisins a eu pitié de nous et nous a prêter son échelle (trop courte) l’espace de 10min. Lynne a donc pu démontrer ses qualités d’experte en escalade pour accéder à la passerelle et nous a libérés de ce faux pas, l’honneur est sauf!...

- Chérie tu peux prévenir quand tu fais couler l’eau?... quand un bateau est à sec pour entretien, il y a une règle à ne pas oublier: fermer toutes les vannes du bord et éviter de faire de couler l’eau ou d’aller aux toilettes. Nous ne nous l’étions pas rappelé avant, erreur grave... pendant que je grattais sous la coque dans ma tenue de combat, d’un coup j’entends une cascade d’eau couler juste à côté de moi. J’ai juste le temps de faire un pas sur le côté pour éviter la douche. Tranquillement dans la cuisine, Lynne se lavait les mains comme si de rien n’était. Mais de vous à moi, je m’en sors bien, ça aurait pu être beaucoup plus désagréable...

Un autre rapport au temps

L'art des travaux invisibles

Nous venons de terminer deux semaines sur le bateau avec les enfants pour commencer à passer au travers de la check-list des préparatifs. La deuxième semaine n’a pas été très différente de la première. L’art de faire du travail invisible prédomine sur le reste ! Nous sommes toujours à la recherche d’éventuelles fuites, nous avons démonté quelques planchers, changé des feux qui ne fonctionnaient plus, fait l’inventaire de tous les outils, pièces de rechange, visserie, plomberie, électricité qui traînaient certainement depuis plusieurs années au fond d’un coffre à en croire la quantité de rouille accumulée. Nous avons lutté pour ouvrir la porte du lave-linge que nous n’avons pas réussi à mettre en marche. Ce n’est pas faute d’avoir une fois de plus joué aux contorsionnistes, ou de m'être retrouvé en position foetale au fond d’un coffre armé d’une lampe torche pour essayer de trouver la solution… Décidément notre bricolage n’est pas glorieux pour le moment, et malgré un premier repérage des circuits de tuyaux dans les fonds du bateau, nous ne pourrons pas échapper à une reprise complète de tous les réseaux dans les prochaines semaines. Du plaisir en perspective donc… Et pour couronner le tout, le dernier jour, c’est notre radiateur d’appoint qui s’est décidé à ne plus s’allumer. Cela aurait été anecdotique si dehors la tramontane ne soufflait pas à 80km/h, renforçant l’impression de froid… Bon, c’était peut-être un signe qu’il fallait que l’on rentre pour faire un break.

Profiter du voyage avant la destination

Mais ce n’est pas le sujet principal de ce post. En étant sur la route pour revenir à Bordeaux, nous réalisions à quel point nous sommes en permanence en train de nous presser. Tout va plus vite et nous voulons toujours aller plus vite sans même nous en rendre compte. Par exemple, combien d’entre nous empruntent l’autoroute pour de longs voyages? Probablement une très grande majorité. C’est devenu presque naturel, le temps de voyage est à peu près maîtrisé et c’est plutôt confortable. On ne se pose plus la question de savoir si on prend les routes nationales ou départementales. Et pourtant, nous nous privons certainement de découvrir ou re-découvrir des lieux et des paysages magnifiques, d’aller à la rencontre de gens. Au lieu de ça, on fonce, nous restons concentrés sur notre destination sans finalement profiter du voyage. Pour notre prochain déplacement, nous nous sommes mis un point d’honneur à sortir des sentiers battus pour profiter du patrimoine qui jalonne nos routes.

Savoir s'ajuster et composer

Au cours de ces deux semaines avec les enfants, nous avons dû par la force des choses revoir notre rapport au temps. La vie en bateau, même au port, c’est une logistique différente de la maison. Ce n’est pas une surprise et nous l’avons toujours eu en tête. Nous nous étions fixé de rythmer nos journées pour être capables de travailler sur nos dossiers professionnels, gérer les travaux du bateau et nous occuper des enfants pour profiter du temps avec eux. C’est un équilibre que l’on essaie de conserver même si pas forcément évident à maintenir. La logistique qu’engendre le bateau peut rapidement prendre le pas sur certaines priorités de la journée. La routine matinale en fait partie. Juste aller prendre une douche peut parfois être une longue expédition quand nous sommes au port, et occuper plus d’une heure dans la journée. Mais nous devons composer avec ça et finalement, ça nous ramène à l’essentiel.

Savourer tous les moments...

Malgré toutes les péripéties du bord, nous savourons tous les moments. Nous n’avons pas mauvaise conscience pour ne pas avoir réussi à terminer une tâche dans notre journée. Et pour vivre dans un espace restreint, conserver cet état d’esprit devrait apporter de la sérénité et éviter quelques frustrations. Vive la paix des ménages!

Ça bricole à bord

Une semaine de vacances bien remplie!

En cette première semaine de vacances pour les enfants (mais dernière semaine pour Emma qui nous a rejoint quelques jours avec Mamie), nous avions décidé de nous retrouver à Canet pour profiter de quelques jours pour poursuivre les travaux de notre check-list préparatoire à notre voyage. Et comme un plan ne se déroule jamais comme prévu, forcément, nous avons déjà l’impression de prendre pas mal de retard sur notre planification. Pour nous, c’est un peu un saut dans l’inconnu quand il s’agit des aspects mécaniques, électriques et divers circuits à l’intérieur du bateau… Alors on prend notre mal en patience, on se creuse les méninges pour essayer logiquement de trouver une solution aux problèmes mais souvent cette semaine, le refrain a été le même : « Je comprends pas pourquoi ça fait ça… »

Trouver la fuite...

Voici un échantillon des petits problèmes qui apparaissent au fur et à mesure que nous essayons d’avancer dans nos tâches:

  • Grosse fuite d’huile moteur qui a inondée la cale moteur. Pour ceux qui ne se rendent pas compte de la profondeur de la cale, elle doit faire à peu près 1,80m de profondeur. Cela nous a valu d’aspirer à plusieurs reprises pour nettoyer, des aller-retours pour vider l’huile à la zone de recyclage, le nettoyage de certaines parties du moteur pour essayer de comprendre d’où vient la fuite. A ce stade, nous n’en avons toujours pas trouvé l’origine et nous serons bons pour un levage du moteur, un changement de tous les filtres et certainement le changement du joint du carter d’huile. Bref, beaucoup de logistique en perspective, des frais et une grosse semaine de travail à planifier pour un moteur qui doit peser pas loin d’une tonne. Le bon côté des choses c’est qu’après ça, on devrait le maîtriser un peu plus pour être capables d’en assurer régulièrement la révision nous-mêmes.
  • Déclenchement automatique de l’une de nos pompes de cale. Dans tous les bateaux, une pompe se déclenche automatiquement quand de l’eau se retrouve dans les fonds. Un système de sécurité qui accessoirement peut éviter de couler. Sur notre bateau nous en avons deux. Le problème est que l’une d’entre elles s’est déclenchée et ne voulait plus s’arrêter. Pas forcément bon signe et pourtant, nous ne voyions pas d’eau rentrer de façon significative. Juste le rejet des eaux de douche et éviers. Donc à priori rien d’alarmant. Pas sûr que la situation soit réglée entièrement, mais après avoir sorti les différents tuyaux et repositionné quelques-uns, il semble que la pompe se soit calmée… Espérons que ce ne soit rien de plus…
  • Déclenchement régulier de la pompe à eau. Cette pompe permet de donner de la pression dans tous nos réseaux d’eau à l’intérieur du bateau. Normalement elle ne se déclenche que lorsque nous faisons couler de l’eau. Là, environ toutes les 30 secondes, elle se met à ronfler pendant 5 secondes à tel point que nous avons décidé de l’éteindre quand on ne se sert pas de l’eau. Son déclenchement peut s’expliquer de trois façons: soit il y a une fuite dans le réseau et là, on peut jouer à « cherche et trouve » pendant plusieurs jours… Soit le régulateur de pression est défaillant et la pompe devra être changée. Soit il peut y avoir des problèmes de raccordement avec nos cuves d’eau. On poursuit nos investigations, sachant que le ballon d’eau chaude connaît aussi des petites fuites…
  • Potentielle fuite de la cuve d’eau tribord. En 2018, l’ancien propriétaire a fait installer deux nouvelles cuves en Inox de 350 litres chacune. En voulant tester leur comportement en pression et après 1h30 de remplissage, nous nous sommes aperçu que le passavant (passage qui permet d’accéder à l’avant du bateau) tribord en teck était humide et que cette humidité se retrouvait aussi sur la partie droite du plancher du cockpit. Du coup, on soupçonne soit une fuite quelque part (qui pourrait expliquer aussi le déclenchement de notre pompe à eau), soit un trop plein avec une difficulté de la cuve à tenir correctement la pression de l’eau. Comme nous devons traiter les cuves pour nous assurer que l’eau sera potable, on va recommencer l’opération et voir si le phénomène se reproduit…

Et sinon à part les fuites, quoi de neuf ?

Et bien il y a quand même quelques petites choses qui ont avancées. Les filles ont nettoyé complètement les plafonniers qui étaient pas mal oxydés et ça change le look intérieur du bateau avec le laiton qui retrouve en grande partie sa couleur d’origine. Mamie s’est employée a aussi nettoyer tous les hublots qui devenaient opaques. Un gros boulot qui nous permet enfin de voir les bateaux voisins mais qui reste encore à peaufiner en appliquant un lustrant sur tous les plexiglas pour essayer de les ravoir en totalité. Ce serait dommage de ne pas voir la mer depuis notre salon de pont…

Nous avons aussi débarqué l’annexe pour voir son état et la repositionner à l’avant du bateau. Emma y a mis du sien pour la hisser à bord et après état de la situation, rien de méchant sur l’annexe. Quelques éléments à recoller qui tiennent plus de l’esthétique que de la sécurité.

On garde le cap!

Aller, on tient le choc pour revenir en deuxième semaine! Et nous ne devons pas oublier de nous occuper des enfants, de travailler un peu aussi pour notre entreprise. Pas question de laisser tomber nos équipes et nos clients! Tout cela fait pas mal d’adaptations et ne manque pas de générer quelques émotions 😉 Mais on garde le cap!