Concilier voyage et travail

Souvent la question nous a occupé l’esprit: comment allons-nous faire pour voyager en voilier et gérer dans le même temps l’éducation des enfants et nos métiers? À ce jour nous n’avons pas encore de réponse précise. Car nous ne pouvons pas nous permettre de délaisser l’un ou l’autre. N’étant pas millionnaires et avec un budget serré, Lynne et moi n’avons pas la même façon d’aborder cet enjeu.

Gérer et développer mon entreprise à distance...

Pour ma part, je fais le choix de ne pas trop planifier et de m’adapter le moment voulu sans pour autant le négliger. Au fond de moi je sais que même si nous essayons d’anticiper au mieux, nous allons devoir improviser et nous ajuster au fur et à mesure. Alors finalement je préfère ne pas trop m’attarder sur des choses que je ne maîtrise pas encore. Et ça m’évite certainement quelques maux de tête. J’ai confiance que les choses s’aligneront naturellement. Je suis plus préoccupé sur ma capacité à être réactif dans la gestion de mes clients. Je suis aussi curieux et anxieux de savoir comment ils réagiront en apprenant que je pars voyager en bateau pour une durée indéterminée. Jusqu’à présent j’étais leur interlocuteur principal et la confiance s’est avant tout établie entre eux et moi. Depuis bientôt un an, j’ai étoffé mon équipe et je sais qu’elle est capable de fournir la même qualité de travail que moi. Il n’empêche que c’est un point de vigilance et je m’y prépare depuis quelques mois. Je me dois d’être clair sur un point: la réussite de notre aventure passera par ma capacité à continuer à développer et à faire fructifier mon entreprise. Régulièrement j’aurai à voyager pour continuer à occuper le terrain et conserver de la crédibilité, avec des rendez-vous internationaux à honorer. Un élément supplémentaire à prendre en compte qui nécessitera la présence d’un aéroport jamais trop loin du bateau.

Coaching et épanouissement personnel

Lynne essaie d’être plus prévoyante en matière d’organisation en tentant de se projeter sur une journée type: école le matin, entretien du bateau ou navigation, gestion des repas, courses, activités professionnelles... présenté comme ça, il est vrai que ça pose question de savoir si nous pourrons tout gérer et si les journées seront assez longues... Même si nous aurons tout ce qu’il faut pour communiquer à bord (connexion satellite, antenne wifi), la question de la fiabilité et du débit des réseaux reste bien présente selon les zones où nous nous trouverons. La principale inquiétude de Lynne, ce sont les finances. Nous avons la conviction que notre aventure peut intéresser du monde, être une source d’inspiration pour beaucoup et qu’elle peut se transformer en activité professionnelle à part entière pour Lynne. Depuis longtemps elle sait que sa mission de vie est de se mettre au service des autres. Étant très tournée vers l’humain et passionnée par le coaching et l’accompagnement, elle se verrait bien capitaliser sur notre aventure pour accompagner les gens dans l’atteinte de leur idéal de vie, dans leur capacité à « se mettre en mouvement » pour mieux s’épanouir. Je suis convaincu qu’elle a ce don en elle, et quoi de mieux que de bâtir sur notre expérience de voyage à la recherche de nouvelles alternatives et de nouveaux modes de vie pour sauter le pas! Dernièrement elle a fait l’investissement d’un séminaire à Bruxelles pour s’inspirer au contact de coaches renommés comme Martin Latulippe ou Sandrine et Nicolas De Vicq. La question existentielle reste de savoir comment parvenir à developper une telle activité à distance.

La vie est faite d’inconnu, mais il est important d’affronter ses peurs, ses doutes et de se lancer. Chacun d’entre nous dispose de bien plus de ressources que ce que l’on peut imaginer. Nous avons fait le choix d’être dans l’action et nous sommes certains que malgré nos craintes et nos questionnements, nous trouverons l’énergie et les ressources pour réussir. Et puis finalement il n’y a jamais d’échec, soit tu gagnes, soit tu apprends.

Voyager au long cours

Le voyage fait partie de nos vies depuis que nous sommes adolescents. À 18 ans grâce au sport, Laurent avait parcouru quasiment la totalité de l’Europe. Depuis il a voyagé dans plus d’une soixantaine de pays à travers le monde. Quand à moi, je suis sortie de ma zone de confort en allant passer une année en Tanzanie pour travailler dans les camps de réfugiés.

Une quête d'authenticité

L’une des questions les plus difficiles à laquelle nous avons eu à répondre est « où aimeriez-vous vous installer ? » Nous n’avons pas vraiment de réponse à ça tellement les environnements dans lesquels nous avons vécu sont différents. Certains pays avaient tout le confort nécessaire, d’autres rien, ni électricité ni eau courante. Et pourtant, ce ne sont pas les lieux les plus surfaits et dans la démesure qui nous ont le plus séduits. Avec le recul, ce sont les rencontres humaines et notre connexion avec les gens qui ont fait que l’on s’est sentis chez nous ou au contraire, pas du tout. 

Ce qui nous anime aujourd’hui le plus pour partir autour du monde en voilier, c’est bel et bien cette quête d’authenticité, de prendre du temps, loin de nos modèles qui poussent à toujours plus de consommation, d’extravagance, où l’apparence compte souvent plus que tout le reste et qui a tendance à rendre arrogants et irrespectueux. Avec le temps, nous sommes devenus allergiques à ce tourisme de masse, aux hordes d’avions, à ces paquebots ou ces bus chargés de touristes qui ne prennent même pas le temps d’aller au contact des populations locales et de s’imprégner des différentes cultures. Sans parler bien sûr de l’impact néfaste que ces modes de voyage provoquent sur l’environnement. Laurent et moi aurions quelques anecdotes à vous raconter à ce sujet...

Le voyage comme source d'éducation

Mais l’envie de voyager autrement n’est pas notre seule motivation. Nous voulons ouvrir l’esprit de nos enfants, leur apporter une autre source d’éducation, les aider à développer leur curiosité, à devenir plus tolérants, à les enrichir culturellement. Leur participation au voyage doit être totale. C’est la raison pour laquelle nous sommes en train de préparer des projets avec les écoles, où notre voyage sera aussi vu et documenté au travers des yeux de Mathieu et Océane. 

Pour Mathieu, c’est une opportunité inespérée. Depuis qu’il est tout petit, nous nous sommes posé des questions sur sa capacité à s’adapter et à s’intégrer dans un système scolaire classique. Au fur et à mesure de sa scolarité (il est actuellement en CE1 / 2ème année) nous nous rendons compte que les apprentissages sont difficiles et qu’il a du mal à s’intégrer, malgré l’environnement créé par les équipes pédagogiques. Nous sommes conscients que plus il va avancer dans son parcours, plus l’écart va se creuser entre les élèves « normaux ». Nous voulons lui donner une réelle chance d’apprendre autrement et de s’épanouir au travers d’un cursus atypique. Le moment est presque idéalement choisi pour lui et nous voyons combien son comportement et ses attitudes sont différentes positivement lorsqu’il se retrouve au milieu de la nature.

Oser la liberté!

Pour toutes ces raisons, notre voyage au long cours prend tout son sens. Il y a toujours de bonnes raisons de ne pas se lancer, il n’y a jamais de moment idéal. Nous avons fait le choix de n’écouter que nous-mêmes, de suivre nos convictions, nos envies et nos passions. Après tout, on ne sait jamais de quoi demain est fait...